La Haute Autorité de la Communication (HAC) a officiellement lancé, ce samedi, la construction de son siège régional à Kankan, dans le quartier Aviation. La cérémonie, empreinte de solennité, a rassemblé autorités locales, notables et professionnels des médias.

L’événement marque une étape majeure dans le processus de décentralisation de l’institution, avec un message clair : rapprocher la HAC des citoyens et des journalistes de l’intérieur du pays.

Des « tribunaux » pour la régulation, non pour la répression

Devant une foule attentive, le président de la HAC, Aboubacar Yacine Diallo, a livré les fondements de cette initiative ambitieuse. « Mes collègues et moi avons décidé de faire partager l’expérience du service de monitoring de Conakry avec les autres régions. Désormais, les citoyens n’auront plus besoin de se rendre à Conakry pour déposer une plainte contre un journaliste ou un organe de presse », a-t-il expliqué.

Mais le président de l’institution se veut rassurant : ces nouvelles antennes ne seront pas des chambres de répression. « Ces sièges seront des tribunaux non pas pour prononcer des peines de prison, mais pour conseiller les journalistes, les former, les recycler, protéger ceux qui font bien leur travail et sanctionner ceux qui violent l’éthique, la déontologie et les lois en vigueur. »

Une presse responsable comme pilier de la démocratie

S’exprimant avec gravité, Yacine Diallo a rappelé le rôle déterminant de la presse dans la construction  ou la destruction  d’une société. « Population de la Haute Guinée, vous savez que la presse peut construire, tout comme elle peut détruire. Je prie Dieu que celle de Kankan soit libre et responsable, qu’elle construise et qu’elle connaisse les limites de sa liberté, qui n’est réelle que si elle est accompagnée de responsabilité », a-t-il insisté.

Il a exhorté les journalistes de Kankan à faire preuve d’un professionnalisme exemplaire. « Je vous invite à plus de responsabilités afin que vous soyez cités en exemple chaque fois que nous procéderons à des confrontations ou des comparaisons », a-t-il conclu.

Un engagement gouvernemental salué localement

Prenant la parole au nom du gouverneur de région, Mamadi Kansan Doumbouya, directeur régional de l’Information et de la Communication de Kankan, a salué une avancée historique. « Ce jour magnifie non seulement le début d’un projet ambitieux, mais aussi l’affirmation d’un engagement envers la liberté d’expression et la promotion d’un paysage médiatique inclusif. Ce siège ne sera pas qu’un bâtiment, mais un symbole de dialogue, d’innovation et de collaboration. »

Un chantier de 12 mois confié à une entreprise locale

Le projet, confié à l’entreprise locale Design Service, sera bâti sur une superficie de 1000 m². Il comprendra un bâtiment principal, une guérite, un bloc de groupe électrogène, des latrines et des aménagements extérieurs. Alpha Kabinet Diakité, directeur de l’entreprise adjudicataire, a promis le respect strict du délai contractuel de douze mois. « L’entreprise s’engage à respecter les délais et les clauses du contrat pour le bénéfice de tous », a-t-il assuré.

Un signal fort envoyé à la presse de l’intérieur

Avec ce siège régional, la HAC entend renforcer sa présence dans les régions et jouer pleinement son rôle de régulateur, formateur et garant de l’éthique journalistique. La presse de l’intérieur du pays, longtemps en marge des dispositifs de contrôle et d’accompagnement, se voit ainsi reconnue dans sa pleine légitimité.

La construction de ce siège n’est pas seulement une réponse logistique : elle constitue un signal politique fort, celui d’une volonté de bâtir une presse plus proche, plus encadrée et plus responsable.

De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info