Les agents du Comité d’Appui au Recensement (CAR) de Kankan, engagés dans le cadre du Programme National de Recensement à Vocation d’État Civil (PN-RAVEC), ont suspendu leurs activités ce vendredi. En cause : le non-paiement de leurs salaires depuis le début de l’opération, pourtant jugée prioritaire par les autorités nationales.

Réunis en assemblée à la Maison des jeunes de Kankan, ces agents ont exprimé leur exaspération face à l’indifférence dont ils s’estiment victimes. Ousmane Diakité, président des agents de CAR à Kankan, a lancé un appel solennel au président de la République, le Général Mamadi Doumbouya.

« Depuis que nous avons commencé ce recensement à Kankan, aucun agent du CAR n’a été pris en charge. Même les stylos que nous utilisons, c’est de notre poche qu’ils proviennent. On nous avait dit que le travail durerait 45 jours, mais jusqu’à ce jour, pas un seul franc ne nous a été versé. Or, ce recensement est censé être une priorité pour le président », a-t-il déclaré.

Selon les protestataires, plusieurs démarches ont été entreprises auprès des autorités locales, la commune, la préfecture sans aboutir à une solution concrète. Lassés d’attendre, ils ont décidé d’interrompre le travail jusqu’à nouvel ordre.

« Si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous n’allons plus continuer. À partir d’aujourd’hui, nous cessons toute activité tant que les 45 jours de travail ne sont pas payés », a insisté Diakité.

Face à cette fronde, Conté Soriba, coordinateur régional du PN-RAVEC à Kankan, a tenté d’apaiser les tensions. Il confirme que le processus de paiement est en cours depuis ce vendredi même.

« Le paiement a effectivement commencé aujourd’hui. Plusieurs agents ont déjà été payés et l’ont confirmé. Malheureusement, au moment où certains manifestaient, les premiers virements étaient déjà en train d’être effectués. Ils ne devraient pas arrêter le travail maintenant », a-t-il affirmé.

Pour corroborer cette version, un agent du CAR, également membre de la commission adjointe de recensement, a confirmé avoir reçu un message de paiement.

« Oui, après la prière de vendredi, j’ai vu le message sur mon téléphone. J’ai appelé d’autres collègues : certains ont reçu, d’autres non. Nous sommes en train de faire le point », a indiqué cet agent, lui aussi prénommé Ousmane Diakité.

Reste à savoir si cette avancée suffira à calmer les esprits. En attendant, la paralysie du recensement à Kankan risque de freiner une opération cruciale pour l’État civil en Guinée, au moment même où le gouvernement entend moderniser et fiabiliser ses bases de données citoyennes.

Karifa Kansan Doumbouya, correspondant à Kankan, pour laguinee.info