Le rideau se lève sur la première grande opération de liquidation des biens d’un ancien dignitaire du régime déchu. Comme promis lors de sa conférence de presse du lundi 26 mai, l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC) a lancé ce jeudi la vente des biens appartenant à l’ex-ministre de la Défense nationale, Dr Mohamed Diané, condamné pour enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
La scène s’est déroulée sous les regards curieux et critiques du public, avec la rigueur du cabinet de l’huissier Me Mohammed Hussein Zohra pour garantir la transparence – ou du moins, en donner l’image. À l’affiche de cette première salve de mise à prix : des immeubles d’une rare opulence pour un serviteur de l’État dont le salaire officiel ne justifie guère de telles acquisitions.
Parmi les biens mis en vente :
Un immeuble R+8 situé à Almamya, dans le centre névralgique de Kaloum ;
Un second, R+10, à Sandervalia, toujours dans Kaloum ;
Un troisième immeuble R+8 à Yattaya, dans la commune de Ratoma ;
Et, cerise sur le gâteau, une usine agro-industrielle à Missira, avec deux hangars, une vaste cour et une plantation d’anacarde – histoire de joindre l’agribusiness à la dolce vita.
Ces ventes font suite à la décision de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), qui a infligé à Mohamed Diané cinq ans de prison ferme, assortis d’une amende de 500 milliards de francs guinéens, dont 125 milliards doivent être versés sans délai. Un rappel sec que les coffres de l’État, longtemps saignés à blanc, ont désormais soif de justice et de recouvrement.
Reste à voir si l’opération ne se limitera pas à des coups d’éclat médiatiques. L’AGRASC, attendue au tournant, devra démontrer que cette action n’est pas qu’une vitrine, mais un réel tournant dans la traque des prédateurs de la République.
En attendant, le peuple regarde, jauge et espère que cette liquidation ne tournera pas, une fois de plus, à la redistribution entre initiés.