Clap de fin brutal pour Samuel Maimbo. Et gifle cinglante pour les actionnaires non-africains qui pensaient pouvoir continuer à tirer les ficelles de la Banque africaine de développement (BAD) en toute impunité. Le troisième tour du scrutin présidentiel a livré son verdict : Sidi Ould Tah, le candidat mauritanien, a été élu avec une avance nette. Très nette. Écrasante, même. L’Afrique a tranché. Et cette fois, elle ne s’est pas contentée de voter elle a rugi.
Le scénario qu’ils n’avaient pas vu venir
Ceux qui, au premier tour, s’étaient réjouis de voir le Zambien Samuel Maimbo caracoler en tête grâce aux voix des actionnaires non-régionaux ont vite déchanté. Car l’Afrique, la vraie, celle qui subit les retards de développement, les infrastructures défaillantes et les financements qui s’évaporent dans les tuyaux de la diplomatie multilatérale, a resserré les rangs.
Au deuxième tour, Sidi Ould Tah passe en tête. Au troisième, il pulvérise son adversaire. Résultat : une leçon infligée à ceux qui ont trop longtemps confondu Banque africaine de développement et bras armé des intérêts extra-africains.
Un programme comme une déclaration de guerre à la tiédeur
Le nouveau président ne s’est pas contenté de séduire avec des mots doux. Son programme, tenu comme une lame, a taillé dans la langue de bois. Premier engagement ? Multiplier par dix les financements. Pas doubler. Pas tripler. Dix fois plus. Un objectif jugé délirant par les frileux, révolutionnaire par ceux qui attendent autre chose que des rapports et des promesses creuses.
Mais surtout, Sidi Ould Tah a parlé souveraineté. Pas celle des discours en conférence, mais celle qui commence par une question simple : qui décide, et pour qui ? Et visiblement, les pays africains en avaient assez que la BAD ressemble à un club où l’Afrique paie les cotisations pendant que d’autres dictent les règles.
Samuel Maimbo, victime ou symbole ?
Que Samuel Maimbo ait été dépassé n’est pas qu’une affaire de programme ou de charisme. C’est l’histoire d’un candidat africain qui, paradoxalement, incarnait pour beaucoup la continuité d’une influence étrangère trop envahissante. Son avance initiale, arrachée grâce aux actionnaires non-régionaux, a fini par se retourner contre lui. Et au troisième tour, il n’y avait plus de place pour les ambiguïtés.
L’Afrique ne voulait pas simplement un président africain. Elle voulait un président africain pour l’Afrique.
Un séisme institutionnel
Le message envoyé est clair : l’ère des marionnettes est terminée. Et cette victoire n’est pas qu’un changement de tête à la BAD. C’est un basculement. L’Afrique, exaspérée d’être tenue à la marge de ses propres outils de développement, vient de reprendre les manettes. Sidi Ould Tah a désormais la lourde tâche de ne pas trahir cet espoir massif.
Car après la gifle, viendra le temps des comptes. Le continent attend. Les promesses, il en a entendu des tonnes. Ce qu’il exige aujourd’hui, c’est du concret. Et très vite.
Laguinee.info