Un épisode particulièrement choquant s’est produit dans la matinée du mardi 27 mai, en marge d’un conflit foncier opposant un particulier nommé Seydou au village de Gnonda. Alors que des tensions persistaient autour d’un terrain litigieux, une intervention musclée des forces de l’ordre à l’orphelinat Saint-Kizito de Gouécké a provoqué une onde de choc dans toute la région.
Au cœur de l’émotion : l’agression violente de la sœur Nônô Françoise Kpoghomou, responsable de l’orphelinat, et l’exposition de dizaines d’enfants vulnérables à des gaz lacrymogènes lancés dans l’enceinte du centre.
Un lieu protégé transformé en champ d’opération
Selon des témoins sur place, la sœur Nônô Françoise aurait tenté de s’interposer pour protéger les enfants face à l’arrivée des forces de l’ordre. Elle aurait maîtrisé un gendarme avant d’être violemment neutralisée par d’autres agents. Elle a ensuite été embarquée de force à bord d’un pick-up de la gendarmerie. L’incident a eu lieu dans l’enceinte même de l’orphelinat, où des gaz lacrymogènes ont été lancés, causant une panique générale parmi les nourrices et les enfants. Plusieurs d’entre eux ont eu des difficultés respiratoires et présentent des signes de traumatisme.
Le cri d’alerte de l’ONG DENIKO
Dans un communiqué officiel, l’ONG DENIKO s’est dite « indignée et profondément inquiète » face à cet acte de violence. L’organisation dénonce « une intervention brutale » sur un site abritant des enfants vulnérables, qui auraient dû être protégés à tout prix.
« Au lieu de contenir les tensions à distance, ces agents ont lancé des gaz lacrymogènes à l’intérieur même de l’orphelinat, exposant ainsi les enfants et leur personnel encadrant à des risques graves. »
Le communiqué précise que la sœur Nônô Françoise Kpoghomou est actuellement hospitalisée dans un état critique, et exige que justice soit rendue : « Elle réclame justice et réparation pour les enfants traumatisés et les dégâts occasionnés. »
Les constats effectués sur place par l’ONG sont alarmants :
- Enfants en détresse physique et psychologique
- Insécurité persistante autour de l’orphelinat
- Absence d’encadrement psychologique d’urgence pour les victimes
- Des demandes claires et pressantes aux autorités
L’ONG condamne fermement cet acte de violence et en appelle à la responsabilité des autorités : « DENIKO appelle les autorités compétentes, notamment le Ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables ainsi que le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, à ouvrir immédiatement une enquête et à garantir la sécurité des enfants et du personnel. »
Par ailleurs, elle sollicite la mobilisation de l’ensemble des partenaires humanitaires et institutions de protection de l’enfance, notamment UNICEF, ONU Guinée, Plan International, la CNDH, SOS Villages d’Enfants et la Présidence de la République, pour se tenir aux côtés des victimes.
Une intervention salutaire mais tardive
Informé de la situation alors qu’il assistait à un enterrement à Banzou, le Père Francis est revenu précipitamment à Gouécké. C’est grâce à son intervention, ainsi qu’à celle du maire et du Vicaire général Monseigneur Mathieu Loua, que la sœur a été libérée en vue d’un dialogue prévu ce mercredi.
Tout au long de la journée, le Père Francis a œuvré pour désamorcer les tensions, sensibilisant les jeunes pour éviter toute escalade. Mais l’émotion reste vive au sein de la population.
Le diocèse appelle à la retenue et au dialogue
Le diocèse appelle au respect de la dignité humaine et à une sortie de crise par la voie du dialogue. Il exhorte toutes les parties prenantes à éviter les dérives qui pourraient plonger davantage la région dans la violence.
« Nous tiendrons informés nos fidèles et l’opinion publique de la suite de cette situation, ainsi que des décisions qui seront prises à l’issue de la rencontre prévue ce jour. »
Laguinee.info