C’est une purge sans précédent dans le secteur minier guinéen. Après des semaines de spéculation, le gouvernement a enfin levé le voile sur les raisons du retrait brutal de plusieurs concessions minières. Objectif affiché : assainir le cadastre national et restaurer la souveraineté de l’État sur des ressources longtemps livrées à l’opacité.
Plus de 140 permis de recherche annulés et plusieurs concessions retirées par décret présidentiel. Derrière ces décisions musclées, une volonté affirmée de remettre de l’ordre dans un secteur stratégique, trop longtemps miné par l’inaction, les spéculations et les passe-droits.
Selon un communiqué officiel diffusé par la Primature, ces mesures s’appuient sur les constats dressés par les services techniques du ministère des Mines et de la Géologie. Les missions de contrôle effectuées par la DNG, la DNM, la SNCPM, l’IGM et le CPDM ont révélé un tableau sans équivoque : non-respect des délais de démarrage, sites laissés en friche, redevances impayées, cessions illégales de permis sans autorisation. Des pratiques contraires au Code minier en vigueur.
« Ces violations justifient pleinement les retraits engagés », martèle le gouvernement, qui invoque la légalité des mesures prises et leur conformité avec les dispositions du Code minier.
Derrière cette opération, l’enjeu est double : rétablir la lisibilité du cadastre minier et ouvrir la voie à une réattribution plus sélective et transparente des titres. Les autorités promettent une sélection rigoureuse fondée sur des critères de performance, notamment les capacités techniques et financières des opérateurs.
Mais au-delà du ménage administratif, le gouvernement affiche une ambition politique claire : reprendre le contrôle d’un secteur historiquement gangrené par l’opacité et la spéculation. « Il s’agit de restaurer la crédibilité de l’État, de faire respecter les engagements contractuels, et de garantir une meilleure redistribution des bénéfices miniers », souligne le communiqué.
Ce coup de balai vise également à rassurer les investisseurs internationaux, dans un climat économique où la transparence est devenue une exigence incontournable. Le message est clair : la Guinée entend rompre avec les pratiques du passé et s’aligner sur les standards de bonne gouvernance.
Les retombées économiques attendues sont importantes. En libérant les titres dormants, le pays espère relancer l’attribution de permis dans des conditions plus compétitives et mieux encadrées. Une dynamique qui pourrait booster les recettes fiscales, créer des emplois et renforcer les infrastructures dans les zones minières.
Autre promesse : la mise en place d’une base de données numérique, fiable et interopérable, pour améliorer le suivi et la coordination des projets. Une avancée notable pour la gouvernance extractive, souvent critiquée pour son manque de visibilité.
Enfin, ce processus, selon les autorités, répond à une demande populaire : plus de justice économique, plus de transparence, et un accès équitable aux opportunités. Une manière, peut-être, de reconnecter l’État aux attentes citoyennes, dans un pays où les ressources du sous-sol n’ont pas toujours profité à ceux qui vivent dessus.
Le ton est donné. Le secteur minier guinéen entre dans une nouvelle ère. Reste à voir si la volonté affichée résistera à l’épreuve du terrain et aux résistances des réseaux installés.
Laguinee.info