La Cour d’appel de Conakry a confirmé, ce mercredi, la condamnation à deux ans de prison ferme d’Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (Model), poursuivi pour « offense au chef de l’État » par voie électronique. Une décision judiciaire qui suscite de vives réactions dans les milieux politiques et de défense des droits humains.
En première ligne, l’avocate de l’opposant, Me Halimatou, qui dénonce un « recul de la démocratie » et « de l’État de droit ». Pour elle, cette confirmation marque un tournant inquiétant dans le fonctionnement des institutions guinéennes :
« La liberté d’expression est enterrée. C’est dangereux pour notre jeune État. »
Un procès jugé “prévisible”
Interrogée sur le déroulement de la procédure, Me Halimatou se dit peu surprise par le verdict :
« Quand tu as une procédure, il faut savoir qui tu as en face de toi. La façon dont les débats ont été menés, depuis la première instance jusqu’à la Cour d’appel, ne m’étonne pas. Ce qui m’aurait surprise, c’est qu’on fasse mieux ou pire. »
L’avocate critique aussi la lenteur du traitement du dossier, pointant l’inutilité de mois de procédure :
« Cela veut dire que les débats n’en valaient pas la peine. On aurait pu confirmer directement la première décision sans tous ces mois. »
Une défense prudente, un prévenu combatif
Alors que les regards se tournent vers une éventuelle saisine de la Cour suprême, Me Halimatou reste mesurée :
« On ne peut pas prendre de décision sans lui. C’est à lui de trancher. »
Aliou Bah, selon son conseil, garde le moral et reste fidèle à sa ligne pacifique. Avant même de quitter la salle d’audience, il a tenu à faire passer un message à ses partisans :
« Il nous a chargés de transmettre ce message : pas d’attaques, pas d’invectives. Il souhaite que ses partisans gardent le calme, comme il l’a lui-même fait. »
Un signal fort, et un climat crispé
Cette décision judiciaire, bien que définitive à ce stade, risque d’alimenter le débat sur l’état des libertés publiques en Guinée. Le cas Aliou Bah cristallise désormais les inquiétudes d’une opposition qui se dit muselée, dans un contexte politique déjà tendu. Reste à savoir si cette affaire marquera une étape ou un tournant. Les prochains jours seront scrutés de près.
IAC, pour Laguinee.info