Les couteaux sont tirés au RPG Arc-en-ciel. Officiellement, il s’agit de « restaurer la discipline ». Officieusement, l’ancien parti au pouvoir semble engagé dans une véritable chasse aux sorcières contre ses membres soupçonnés de sympathies trop marquées pour le CNRD, la junte militaire qui a renversé le régime d’Alpha Condé en septembre 2021.
Le ton est donné par une lettre circulaire signée du Dr Sékou Condé, secrétaire permanent du Bureau politique national (BPN). Au nom de cette instance dirigeante, il annonce le remplacement immédiat des « camarades » ayant, sans mandat, appelé à rejoindre le camp des militaires au pouvoir. Leur faute ? Une déclaration publique datée du 8 mai 2025, perçue comme un affront aux « autorités politiques supérieures » du parti.
« Manquement grave à la discipline », déclare le document.
- Violation des statuts.
- Acte de défiance.
Et pour certains, motif aggravant : la corruption.
Sans fioritures, la circulaire prévoit une procédure d’exclusion par étapes : remplacement aux postes occupés, puis radiation pure et simple si aucun signe de contrition ne vient calmer la machine. Le message est limpide : on ne flirte pas avec le CNRD impunément, même trois ans après le putsch.
Procès-verbal d’une purge
Plus qu’un rappel à l’ordre, la lettre dresse les contours d’une purge politique bien organisée. Les secrétaires généraux de section sont mobilisés pour faire le ménage à la base : responsables des jeunesses et présidentes des femmes seront remplacés sans délai. Si les secrétaires eux-mêmes dévient de la ligne, leur sort est confié à un vote interne aux deux tiers. C’est une mécanique d’auto-épuration que le parti entend enclencher sans hésiter.
Nommer pour isoler?
En politique, désigner l’ennemi est une stratégie vieille comme les partis. Le RPG Arc-en-ciel l’assume pleinement. Une liste noire a été rendue publique. Y figurent des noms connus de la scène militante :
Mbany Sangaré, membre du BPN
Sayon Mara, secrétaire général du comité directeur
Cheick Fanta Mady Camara
Ousmane Daddy Camara
Mohamed Lamine Kaba, alias « Fidel »
Bella Kamano
Aboubacar Soumah, de GDE
Tous sont accusés d’avoir franchi la ligne rouge : appeler à intégrer les structures du CNRD, ennemi historique du parti.
Entre loyauté et rupture
Depuis la chute du régime, les fissures internes ne cessent de s’élargir. D’un côté, une frange fidèle au Pr Alpha Condé, incarnée par des cadres comme le Dr Condé, reste inflexible. De l’autre, des militants qui estiment qu’un dialogue avec les autorités actuelles est inévitable. La ligne de fracture est désormais officielle, gravée noir sur blanc.
Reste à savoir si cette politique de bannissement renforcera le parti ou précipitera son isolement. Car à force d’écarter les voix discordantes, le RPG Arc-en-ciel pourrait se retrouver à prêcher dans un désert militant. Une posture de fermeté, certes. Mais dans une Guinée en pleine recomposition politique, les lignes rigides ne tiennent pas toujours très longtemps.
Laguinee.info
