L’orage social qui menaçait d’éclater à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) a finalement tourné court. Après plusieurs jours de négociations serrées, un accord a été conclu entre la direction générale de l’institution et la délégation syndicale des travailleurs, désamorçant une crise qui risquait de paralyser le cœur névralgique du système financier guinéen.
C’est un dénouement que peu de cadres espéraient encore en début de semaine, tant les lignes semblaient figées. Mais c’était sans compter l’implication déterminante de Mory Condé, ministre de l’Urbanisme et figure montante des médiations gouvernementales, flanqué d’Abdoulaye Sow, patron aguerri de la FESABAG. Le duo a réussi là où d’autres ont échoué : rétablir le dialogue entre deux camps qui se regardaient en chiens de faïence.
Un compromis solide et précis
Le texte de l’accord, signé par le gouverneur de la BCRG, Dr Karamo Kaba, et le représentant du personnel, Lanfina 2 Touré, pose les bases d’un nouveau climat social dans l’institution. Quatre mesures majeures ont été entérinées :
1. Évacuation sanitaire : les procédures seront désormais strictement encadrées par la note de service N°535/DGASJ/DRH/SMS/18, qui fixe les conditions d’accès à cette prise en charge longtemps décriée comme opaque.
2. Droit à la formation : le principe est réaffirmé. Tous les agents bénéficieront d’un accès équitable à la formation locale et internationale, en vertu du Code du travail et de la charte interne de la BCRG.
3. Déplafonnement des grades : un point de crispation majeur enfin levé. Une commission ad hoc sera mise en place pour évaluer et régulariser les situations impactées par le plafonnement antérieur des carrières.
4. Alignement des primes : elles seront désormais calculées sur le salaire brut, selon les termes du protocole du 19 juillet 2017. Une rétroactivité au 1er janvier 2023 a été convenue, une concession de taille arrachée par les syndicalistes.
Une trêve imminente
Une assemblée générale de la délégation syndicale est prévue ce mardi 27 mai . À moins d’un improbable rebondissement, celle-ci devrait acter la suspension du mot d’ordre de grève. Une grève qui, si elle avait été déclenchée, aurait mis à genoux la principale institution monétaire du pays.
Ce dénouement est aussi une leçon de méthode : dialogue franc, médiateurs crédibles et concessions mutuelles. À la BCRG, chacun sauve la face. Mais surtout, l’institution conserve sa stabilité un luxe dans un contexte économique déjà fragilisé.
Reste à voir si cet accord marque une vraie rupture avec les tensions récurrentes ou s’il ne s’agit que d’un sursis.
Laguinee.info