La désignation du ministère de l’Administration du territoire pour organiser les prochaines élections continue de susciter un vif débat en Guinée. L’une des voix les plus critiques s’est récemment exprimée : celle de Souleymane Souza Konaté. L’acteur politique, connu pour ses prises de position tranchées, dénonce une démarche contraire aux lois nationales et aux engagements internationaux de la Guinée.
« Pour organiser des élections importantes dans notre pays, il y a un minimum à faire », a-t-il déclaré d’un ton ferme, avant de dresser une liste de prérequis indispensables absents à ce jour. Parmi eux : l’absence de consensus entre les acteurs politiques, le manque de fichier électoral fiable, et surtout, l’absence d’une autorité indépendante pour piloter le processus.
Pour Souza Konaté, la décision de confier cette mission au ministère de l’Administration du territoire est non seulement une erreur, mais aussi une menace pour la stabilité politique du pays. Il s’appuie sur la loi électorale révisée en 2017 et rappelle que la Guinée a ratifié des textes régionaux et internationaux qui exigent la mise en place d’un organe électoral autonome à l’image de la CEDEAO ou de la Charte africaine sur la démocratie.
Mais au-delà des principes juridiques, c’est l’histoire récente du ministère qui inquiète. « Ce département s’est illustré dans l’organisation de la délinquance électorale, la fraude, la falsification et la disparition des procès-verbaux », accuse-t-il, évoquant un passif lourd et encore présent dans les mémoires.
Il pointe également la militarisation du ministère, aujourd’hui dirigé en partie par des hommes en uniforme. « Des militaires qui n’ont aucune culture administrative, politique et électorale », déplore-t-il, craignant une instrumentalisation du processus au détriment de la transparence.
Dans un contexte où la transition politique peine à convaincre, Souza Konaté appelle à éviter les erreurs du passé. « Pour prévenir des crises majeures post-électorales, il est important de créer ce minimum de consensus pour nous permettre d’aller tranquillement aux élections », conclut-il.
Cette sortie publique remet au centre du débat une exigence partagée par de nombreux observateurs : l’organisation d’élections inclusives, transparentes et encadrées par une autorité véritablement indépendante.
Laguinee.info