Au lendemain de la première session officielle de concertation entre la Confédération des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les chefs de la diplomatie des pays membres de l’AES ont été reçus en audience par le président malien et actuel président de la Confédération, le général Assimi Goïta. Objectif : rendre compte des conclusions de la rencontre tenue à Bamako, et affirmer une ligne commune pour les prochaines étapes du dialogue.
Conduite par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, la délégation comprenait ses homologues burkinabè, Karamoko Jean Marie Traoré, nigérien, Bakary Yaou Sangaré, ainsi que l’ambassadrice du Burkina Faso au Mali, Julienne Dembélé Sanon. Lors de cette audience du 23 mai, les ministres ont présenté au chef de la Transition malienne les grandes lignes de la réunion du 22 mai avec la Cédéao, centrée sur la définition du cadre des futures négociations.
Selon Karamoko Jean Marie Traoré, cette première rencontre a été l’occasion d’harmoniser la position confédérale des trois États membres de l’AES en vue de poursuivre les échanges avec l’organisation régionale. « Il s’agissait d’harmoniser notre position confédérale en vue de la poursuite du dialogue avec la Cédéao dans un esprit d’unité et de responsabilité », a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre avec le général Goïta.
Selon apanews, Les discussions du 22 mai ont abouti à l’adoption d’un relevé de conclusions structurant les échanges à venir autour de cinq axes : politique, diplomatie, droit, sécurité et développement. Si la reprise du dialogue marque une évolution notable dans les relations entre l’AES et la Cédéao, les trois États sahéliens ont d’ores et déjà fixé les limites : les négociations devront désormais être collectives, excluant toute démarche bilatérale.
Une clarification stratégique, exprimée sans détour par le ministre burkinabè : « Nous avons convenu qu’il était essentiel d’avancer en tant qu’entités régionales égales, afin de structurer les pourparlers chapitre par chapitre, dans un cadre clair et mutuellement respecté. »
Le message est sans ambiguïté : les États du Sahel entendent parler d’une seule voix face à la Cédéao, dans un contexte où leur retrait officiel de l’organisation, annoncé en janvier dernier, continue de faire débat au sein de la région. L’option d’un dialogue direct entre la Cédéao et un seul des trois pays est désormais écartée.
En tant que président en exercice de l’AES, le général Goïta a réaffirmé cette orientation et prodigué ses recommandations pour les prochaines étapes, misant sur une approche concertée, disciplinée et stratégique dans les relations avec l’ancien bloc d’intégration sous-régionale.
Cette dynamique de négociation entre l’AES et la Cédéao pourrait marquer un tournant dans la redéfinition des rapports politiques et diplomatiques en Afrique de l’Ouest. Mais elle pose aussi la question de l’équilibre entre souveraineté, coopération régionale et intérêts stratégiques à moyen terme.
Laguinee.info