Dans une sortie incisive publiée sur son compte Facebook, Ibrahima M’Bemba Bah, coordinateur de la Cellule de communication du Bloc Libéral (BL), sonne l’alerte face à ce qu’il qualifie de « dérive prolongée » du pouvoir de transition en Guinée. À travers une plume acérée, il s’en prend à la junte militaire et à l’illusion du pouvoir providentiel.
« Mieux vaut s’en aller dans la peau d’un réformateur attitré que de s’entêter à forger l’image d’un révolutionnaire éphémère », lance-t-il d’entrée, dans une tirade qui sonne comme un avertissement déguisé à l’intention du CNRD.
Le communicant du BL dénonce une prolongation injustifiée de la transition, estimant que même un régime issu des urnes n’a pas vocation à s’éterniser au pouvoir, à plus forte raison un régime militaire né d’un coup de force. Pour lui, retarder la fin de la transition au nom de la « refondation » nationale, c’est « courir des risques tant pour les détenteurs du pouvoir que pour le pays tout entier ».
Un coup dans le coup ?
M’Bemba Bah va plus loin. Il évoque, non sans gravité, la tentation permanente d’un « coup dans le coup » au sein des forces armées. À mesure que le temps passe, écrit-il, la méfiance et les querelles d’ego s’installent dans les rangs militaires. Un climat propice à la déstabilisation, donc, si la transition venait à s’enliser.
« La seule façon de vérifier que le peuple est en phase avec les militaires, c’est par des élections ou un référendum libre et transparent », tranche-t-il, balayant les arguments d’une prétendue légitimité populaire spontanée.
Le piège de l’homme providentiel
En empruntant à Balzac et à l’histoire révolutionnaire, M’Bemba Bah oppose deux figures : le réformateur lucide et le révolutionnaire narcissique. Le premier impulse des projets de long terme sans chercher à tout accomplir. Le second, en revanche, « se croit tellement fort qu’il ne voit pas le trou de sa propre tombe qu’il creuse ».
Dans ce style mi-philosophique, mi-politique, le responsable du Bloc Libéral avertit : l’amour du peuple n’est jamais éternel, et le pouvoir devient vite source de rejet. Il vaut donc mieux partir avec élégance que de subir le rejet brutal de la foule désabusée.
Un message clair au CNRD
Sans jamais nommer explicitement le Général Doumbouya, M’Bemba Bah cible clairement la gouvernance actuelle. Il exhorte les dirigeants à faire preuve de sagesse politique : partir avant de nuire, partir pendant qu’il est encore temps.
« Les peuples aiment changer de dirigeants. C’est une attitude profondément humaine. Plus le temps passe, plus les gens se lassent. »
Laguinee.info