Une opération de déguerpissement visant plus de vingt habitations a été menée ce matin à Kagbélen par des forces de police accompagnées d’agents de sécurité. En cause : un contentieux foncier opposant des particuliers, sur fond de procédure judiciaire peu lisible pour les résidents.
Sur le terrain, des familles prises de court, des biens déplacés, et une absence totale d’explication publique de la part des autorités.
« Ce matin, on s’est réveillés avec la police devant nos maisons », témoigne M. Sall, l’un des habitants. Il affirme que le terrain concerné n’est pas du domaine de l’État, mais une propriété privée en litige. « Ce n’est pas un domaine de l’État, c’est pour un particulier. Mon frère a reçu des demandes en particulier. » Une version confirmée par d’autres occupants qui évoquent la visite de prétendus propriétaires accompagnés d’un homme identifié comme représentant de la justice, nommé Ifie.
Selon ces témoins, aucun acte formel n’a été délivré. Seulement une « soi-disant lettre » exigeant l’évacuation. Malgré des démarches entreprises auprès du chef de quartier et des autorités judiciaires, aucune clarification n’aurait été apportée. L’évacuation a donc surpris les familles, qui affirment ne pas avoir été informées d’une décision judiciaire définitive.
Ce silence administratif interroge.
Pourquoi une exécution forcée sans notification préalable et sans affichage d’un jugement ? Pourquoi une mobilisation policière dans un dossier qui, selon les occupants, n’a pas encore épuisé les voies de recours ? Et surtout, qui porte réellement la responsabilité de l’ordre donné ce matin ?
Les forces de l’ordre, quant à elles, n’ont fourni aucune déclaration sur place. Contactées par voie indirecte, les autorités locales n’ont, pour l’heure, pas confirmé l’origine de l’ordre d’expulsion.
En attendant, les familles dorment dehors. Leurs maisons vidées, leurs recours suspendus. Une fois de plus, à Kagbélen, le droit de propriété se joue dans l’ombre. Et l’État, lui, reste muet.
IAC, pour Laguinee.info