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Justice: le Tribunal de Kaloum ouvre le procès entre Alexandre Zotov et Ahmed Kanté

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Le Tribunal de première instance de Kaloum a ouvert ce lundi les audiences d’un procès très attendu opposant Alexandre Zotov, un ressortissant russe se présentant comme dirigeant de la société African Bauxite Corp. (ABC), à Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines et actuel administrateur général d’AGB2A-GIC.

Derrière cette confrontation entre deux hommes aux parcours diamétralement opposés, c’est une bataille aux multiples ramifications qui se joue, au cœur d’un secteur minier guinéen déjà sous haute tension.

Une plainte au parfum de règlement de comptes

M. Zotov, qui s’est constitué partie civile, accuse M. Kanté d’avoir commis des actes illicites dans le cadre d’un partenariat antérieur. Si les détails de ce partenariat n’ont pas été rendus publics, la défense, composée de M. Kanté et de plusieurs de ses anciens partenaires, rejette en bloc les accusations. Pour elle, il s’agirait d’une manœuvre opportuniste visant à salir l’image d’un ancien haut fonctionnaire, aujourd’hui actif dans le secteur privé.

Une source diplomatique européenne, ayant eu accès au dossier, va plus loin : selon cette dernière, les accusations de Zotov seraient « dénuées de toute base probante ». Son analyse, fondée sur des éléments du dossier judiciaire, met en doute les motivations réelles du plaignant, qu’elle soupçonne de poursuivre des intérêts personnels ou financiers, plutôt que de chercher réparation pour un préjudice réel.

Un profil controversé

Le parcours de M. Zotov intrigue. Décrit comme inexpérimenté dans le domaine minier, il serait arrivé en Guinée sans ressources propres, ses premiers contacts avec le secteur de la bauxite remontant à de simples échanges informels en Europe. Des éléments qui renforcent les doutes sur la légitimité de ses prétentions dans une industrie stratégique où l’expertise et l’ancrage local sont souvent déterminants.

Pour les avocats de la défense, cette procédure s’apparente à une tentative de manipulation du système judiciaire guinéen, à des fins de chantage ou de pression économique. Ils dénoncent un « recours abusif à la justice » qui, s’il devait prospérer, pourrait porter atteinte à la crédibilité des institutions et à la confiance des partenaires économiques.

Un procès au-delà des individus

Au-delà des protagonistes, cette affaire pose une question plus large : celle des mécanismes de régulation et de contrôle des opérateurs économiques étrangers dans les secteurs stratégiques, notamment celui des ressources naturelles. Le procès, suivi de près par les milieux d’affaires et plusieurs observateurs internationaux, met en lumière des failles potentielles dans l’attribution des permis et dans le suivi des activités minières.

À l’heure où la Guinée tente de renforcer sa souveraineté économique tout en attirant des investisseurs crédibles, le cas Zotov-Kanté cristallise les enjeux de gouvernance, de transparence et de protection des intérêts nationaux.

Le verdict, attendu le 19 mai prochain, est perçu comme un test pour la justice guinéenne. Qu’il donne raison à l’un ou à l’autre, il pourrait faire date, tant il soulève des questions cruciales sur la capacité des institutions à résister aux influences extérieures et à juger en toute impartialité dans des dossiers à fort enjeu économique.

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