Dans un décret lu à la télévision nationale dans la soirée du mercredi 14 mai 2025, le président de la République, Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, a ordonné le retrait des permis d’exploitation d’une quarantaine de sociétés minières opérant en Guinée. Une décision aussi inattendue que saluée par les populations, particulièrement en Haute-Guinée, où la colère face à l’exploitation abusive des ressources était à son comble.
Parmi les premiers à se réjouir de cette mesure jugée « courageuse », le mouvement N’FABADA TEDOTIGNELA, fer de lance de la lutte citoyenne pour la préservation de l’environnement dans la région. « C’est avec une grande joie que nous avons appris cette mesure de notre président », a déclaré Keoulen Doumbouya, président du mouvement, joint par téléphone par Laguinee.info ce jeudi. Pour lui, cette décision marque une reconnaissance des années de lutte : « Nous savions tout ce qui s’est passé depuis le début de cette bataille. Nous luttons contre tout ce qui détruit ce pays, notamment l’exploitation clandestine dans les 13 préfectures aurifères. »
Le décret présidentiel, bien que peu détaillé sur ses motivations, met fin à l’impunité d’un certain nombre d’opérateurs miniers dont les activités ont gravement défiguré l’environnement, pollué les rivières, détruit les champs agricoles et compromis les moyens de subsistance des populations locales.
À Mandiana, épicentre de la mobilisation contre l’orpaillage sauvage, le porte-parole local du mouvement, Salihan Limbana Sangaré, n’a pas caché son émotion : « Nous remercions le président pour cet acte de bravoure. Il a pris la décision de mettre fin aux souffrances des paysans. Nos champs sont détruits, nos marigots empoisonnés, notre avenir menacé. Trop, c’est trop. »
Même son de cloche à N’Nzérékoré, où Issiaka Condé, militant écologiste, souligne l’ampleur du combat : « On a été emprisonné, insulté, intimidé, corrompu même… mais on a résisté. Tout cela pour l’amour de notre environnement. Nous demandons maintenant au président de ne pas s’arrêter là. Il faut des missions de contrôle régulières. Il faut surveiller, vérifier, sanctionner. »
Cette décision présidentielle est un signal fort. Elle rappelle que l’exploitation des ressources ne peut plus se faire au mépris des lois, des populations, ni de la nature. Pour une fois, l’État semble prêter une oreille aux cris des oubliés. Reste maintenant à transformer cet acte politique en rupture durable. Car dans les mines de Guinée, la vigilance, elle, ne dort jamais.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info