Le projet “Riz contre déchets plastiques” lancé par le Gouvernorat de Conakry n’a pas encore démarré que déjà, des voix s’élèvent pour en pointer les limites. Dans une lettre ouverte adressée à la Gouverneure Hadja M’Mahawa Sylla, un citoyen, Papa Kamano, félicite l’initiative… tout en en démontant le message implicite : celui d’une capitale où on échange sa saleté contre de la pitance.
Une initiative verte ? Ou une charité déguisée ?
Officiellement, l’idée est simple : offrir des sacs de riz en échange de déchets plastiques pour inciter les populations à assainir leur cadre de vie. Une formule présentée comme innovante, sociale et écologique.
Mais pour M. Kamano, cette approche cache mal une logique d’assistance qui frôle l’humiliation collective. « Le choix du riz pourrait donner l’image d’une population affamée ou en situation humanitaire critique », écrit-il, appelant à une revalorisation immédiate des bénéficiaires.
Et si on payait les citoyens au lieu de les nourrir ?
Dans sa lettre, le citoyen propose une piste simple et pragmatique : verser une compensation monétaire plutôt qu’un sac de riz. Une approche plus digne, plus souple, plus responsabilisante. « Une récompense en argent, même modeste, redonnerait aux participants leur autonomie et leur liberté de choix », insiste-t-il.
Car dans les faits, ce sont surtout des jeunes marginalisés qui ramassent les déchets dans les rues. Les intégrer à ce projet de manière structurée, et les rémunérer, c’est transformer un geste de survie en emploi temporaire, une logique de débrouille en logique de développement.
Une écologie avec les citoyens, pas au-dessus d’eux
Plus qu’un simple échange plastique-contre-riz, Papa Kamano appelle à une révolution de la sensibilisation, avec des actions d’éducation à l’environnement, du tri sélectif et une responsabilisation collective. Le défi, écrit-il, ne se gagne pas à coups de rations alimentaires, mais en bâtissant une culture de l’écologie urbaine.
En clair : si le Gouvernorat veut réussir son pari, il devra écouter ses citoyens surtout quand ils rappellent, avec pertinence, que la dignité n’a pas de prix, même quand il s’agit de plastique.
Laguinee.info