Le trafic de drogue a ses routes. Et le dimanche 11 mai, l’une d’elles s’est refermée brutalement à Tapioca, dans la commune urbaine de Kindia. À 15 heures, un mini-bus de marque Mercedes est stoppé par les forces de défense et de sécurité.

À l’intérieur : 742 kg de chanvre indien. Une cargaison massive, soigneusement dissimulée. Et derrière, une chaîne bien huilée.

« Le dimanche 11 mai 2025, aux environs de 15h, un minibus transportant une quantité de 742 kg de chanvre indien a été intercepté par les forces de défense et de sécurité à Tapioca« , déclare l’adjudant-chef Bah Amadou Lamarana, en service au groupement de gendarmerie sécurité routière de Kindia. L’information, qui a rapidement fait le tour de la ville, indique que le véhicule venait de Bambaya, dans la sous-préfecture de Madina Oula. À son bord, cinq personnes. Parmi elles, Aboubacar Camara, convoyeur, et trois apprentis. Tous auditionnés. Tous avouent. Mais ils ne sont que des exécutants.

« Le convoyeur Aboubacar Camara et ses trois apprentis ont été auditionnés et ont reconnu les faits« , poursuit l’adjudant-chef Lamarana. Il révèle également que l’ordre venait d’un certain « grand maître » basé à Wondy, dans Kindia. Lui, reste introuvable. Pour l’instant.

Une femme enceinte au cœur du trafic

Plus troublant encore : l’implication d’une femme enceinte, Aïssata Camara. Elle se déclare propriétaire des 14 sacs de chanvre indien. « Elle a déclaré avoir acheté la marchandise en Sierra Leone pour une valeur de 27 millions de francs guinéens et comptait l’envoyer à Kamsar pour y être vendue« , précise Lamarana. Aïssata a également négocié le transport pour 3,5 millions de francs avec un chauffeur nommé Moussa, aujourd’hui en cavale. Un autre nom surgit : Morikè. Lui aussi, aux abonnés absents.

« Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia a été informé des faits« , ajoute Lamarana, soulignant que l’intervention a été rapide. Les autorités judiciaires semblent prêtes à aller plus loin pour démanteler cette filière.

Des réponses attendues, des silences pesants

Les suspects : Abdoulaye Camara (chauffeur), Alseny Sylla, Aboubacar Camara, Ousmane Sylla et Aïssata Camara, seront présentés au tribunal de première instance de Kindia. Les charges sont lourdes : détention, transport, achat, vente de stupéfiants, complicité. Mais l’affaire ne fait que commencer.

« Les autres suspects : Morikè et Moussa, sont actuellement introuvables, et leur arrestation fera l’objet d’un procès-verbal additif« , avertit Lamarana. Cette chasse aux fugitifs met en lumière la complexité du réseau, où les connexions semblent aussi multiples que discrètes.

Combien de mini-bus ont déjà échappé aux radars ? Combien d’autres femmes, d’autres jeunes convoyeurs servent de fusibles à des réseaux mieux organisés ? La drogue circule. Et avec elle, le silence, les complicités, l’argent.

« Les citoyens sont appelés à signaler toute activité suspecte en contactant gratuitement le numéro vert 125 pour traquer toutes les personnes impliquées dans ce trafic« , conclut l’adjudant-chef, appelant à une collaboration active pour étouffer ce fléau qui gagne du terrain.

De Kindia, Joël Francis Kolié 33.10, pour Laguinee.info