À Abidjan, devant un parterre d’investisseurs et d’acteurs économiques du continent, le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah a lâché une phrase que beaucoup attendaient, sans jamais oser y croire pleinement : « Décembre 2025, à la fois l’élection présidentielle et l’élection législative. »
Même si cette annonce ne revêt pas encore de caractère officiel, elle vient baliser une trajectoire politique que la Guinée peine à stabiliser depuis le coup d’État du 5 septembre 2021. En précisant aussi la tenue d’un référendum constitutionnel au 21 septembre 2025, le chef du gouvernement a dessiné, du moins verbalement, une sortie de transition dont les contours étaient jusque-là flous.
Ce calendrier évoqué en marge de la troisième édition de l’Africa CEO Forum, à Abidjan, semble d’abord s’adresser aux partenaires économiques et diplomatiques, dans un contexte où la confiance envers les transitions africaines s’érode. Entre deux engagements, le Premier ministre a donc tenté de rassurer : la Guinée avance, lentement peut-être, mais elle avance.
Pourtant, sur le terrain, les interrogations demeurent. Qui pilotera l’organisation de ces scrutins ? Quelle sera la nature de la future Constitution ? Le climat politique et social permettra-t-il la tenue d’élections inclusives et apaisées ? Les partis politiques et la société civile, longtemps mis à l’écart, attendent plus que des promesses : des actes concrets et un chronogramme officiel.
Il faut rappeler que le président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, avait lui-même déclaré dans son discours du 31 décembre 2024 que 2025 serait « une année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel ». À présent, la balle est dans le camp des autorités : entre les paroles et les urnes, la route est encore semée d’incertitudes.
L’histoire récente du pays invite à la prudence. Mais pour la première fois depuis des mois, une date, même indicative, donne aux Guinéens une lueur d’horizon démocratique. Reste à voir si le régime tiendra parole.
Laguinee.info