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Moussa Koffoé inhumé à Kindia : un hommage national à une légende populaire

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La Guinée a perdu l’un de ses monuments culturels. Le lundi 12 mai 2025, Moussa Kéita, plus connu sous le nom de Moussa Koffoé, s’est éteint, laissant derrière lui un héritage artistique considérable. Artiste humoriste, conteur, homme de scène, il a marqué plusieurs générations par son style, sa voix et sa fidélité à l’identité culturelle guinéenne.

 

Ses obsèques, organisées le lendemain, mardi 13 mai, à la Place des Martyrs de Kindia, ont rassemblé une foule nombreuse, composée de citoyens, d’artistes, d’amis et de responsables institutionnels. La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de la Culture, Moussa Moïse Sylla, ainsi que d’autres personnalités politiques locales et nationales.

Une mobilisation populaire

La population de Kindia s’est fortement mobilisée pour rendre un dernier hommage à celui que beaucoup considèrent comme une icône populaire. Durant plusieurs heures, entre prières, témoignages et recueillement, les habitants ont exprimé leur reconnaissance à celui qui, par l’humour et la parole, a contribué à faire vivre la culture guinéenne dans sa dimension la plus enracinée.

Les témoignages ont mis en lumière une carrière discrète mais influente. Moussa Koffoé était un homme de proximité, respecté pour sa simplicité, apprécié pour sa capacité à faire rire tout en transmettant des messages sociaux profonds.

Le témoignage de Mamadou Thug

Parmi les voix qui ont résonné ce jour-là, celle de l’humoriste Mamadou Thug a particulièrement retenu l’attention. Collaborateur et ami du défunt, il a exprimé, avec émotion, l’impact de cette disparition :

« Nous avons perdu l’une des plus grandes personnalités de la culture guinéenne. Moussa Kofoe était un grand frère bien-aimé. Il y avait une très bonne relation entre nous. Je sais combien il me respectait. J’ai vraiment mal. Il devait participer à mon festival cette semaine, mais Dieu en a décidé autrement. »

Ce témoignage met en évidence non seulement la place de Koffoé dans le milieu artistique, mais aussi l’estime que lui portaient ses pairs.

Un départ inattendu

La mort de Moussa Koffoé a été soudaine. Sa femme, Domany Nabé, présente à ses côtés lors de ses derniers instants, a raconté les derniers moments avec pudeur et douleur :

« On s’est quittés dans la joie ce matin-là. Il m’a demandé de lui préparer son petit-déjeuner. Il devait aller à l’hôpital. Une fois là-bas, il a commencé à vomir du sang. Il s’est allongé tout doucement… »

Ce récit personnel offre une dimension humaine à la disparition d’un homme que beaucoup voyaient d’abord comme une figure publique. Il rappelle que derrière le personnage, il y avait un mari, un père, un proche.

Une figure du patrimoine vivant

Moussa Koffoé laisse derrière lui une empreinte indélébile. Son humour, ancré dans les réalités locales, son style unique et sa capacité à transmettre la tradition par la comédie en ont fait une voix reconnue dans tout le pays, même s’il restait davantage présent dans les circuits communautaires que médiatiques.

Artiste autodidacte, il a su s’imposer sans artifice, à la force du talent et de la persévérance. Plusieurs observateurs du secteur culturel saluent aujourd’hui cette contribution singulière à la transmission des valeurs, de la langue et de la mémoire collective.

Une perte pour la culture guinéenne

La disparition de Moussa Koffoé pose à nouveau la question de la préservation du patrimoine immatériel. Bien que les hommages aient été nombreux, certains estiment que les artistes comme lui mériteraient davantage de reconnaissance et de soutien de leur vivant.

Le ministère de la Culture, par la voix de son chef, a salué “un artiste complet, un modèle d’engagement culturel”. Des voix du monde artistique appellent déjà à des initiatives pour préserver ses œuvres, documenter son parcours et lui consacrer un espace de mémoire.

Moussa Koffoé s’en est allé, mais sa mémoire restera vivante. L’homme n’est plus, mais l’héritage demeure. Il appartient désormais à la Guinée culturelle, celle qui vit au-delà des hommages ponctuels, dans les cœurs, les scènes, et les récits qu’on transmettra aux générations futures.

De Kindia, Joël Francis Kolié, pour Laguinee.info

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