lundi, mai 12, 2025
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Recensement biométrique en Guinée : Dr Faya Millimouno dénonce une « fraude planifiée »

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La transition guinéenne est-elle en train de rater un virage démocratique crucial ? C’est en tout cas l’alerte lancée ce samedi 10 mai par le président du Bloc Libéral (BL), Dr. Faya Millimouno, lors d’une conférence de presse tenue au siège de son parti à Lambanyi. Très critique, le leader politique dénonce un processus de recensement biométrique qu’il qualifie de « mal préparé, frauduleux » et surtout taillé sur mesure pour des échéances électorales opaques.

Un recensement qui trahit sa vocation initiale

Ce qui était initialement présenté comme un Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC) destiné à offrir une identité légale aux millions de Guinéens sans papiers, se transforme selon Dr Millimouno en simple opération électorale. « Le chef de l’État a dit qu’aucun Guinéen ne doit être laissé derrière. Mais ce qui nous est servi, ce n’est pas le RAVEC, c’est une manœuvre électorale camouflée », déclare-t-il, visiblement remonté.

Dans un pays où près de 80% de la population n’a pas d’acte de naissance, le président du BL s’étonne de l’absence d’audiences foraines, de magistrats et d’agents assermentés capables d’attester de la citoyenneté de millions d’anonymes. « Ce qu’on voit, c’est un simulacre. Et il faut qu’on soit clair : on ne construit pas un État sur une imposture », fustige-t-il.

Un fichier électoral cousu de fil blanc ?

Le recensement actuel viserait, selon lui, à constituer un fichier électoral express pour un référendum annoncé, puis des élections nationales. « Deux logiques différentes : l’une civile, l’autre politique. Et ce qui est fait, c’est clairement le deuxième scénario », martèle-t-il.

Pire, aucune place ne serait faite au dialogue, pourtant indispensable en période transitoire. « Le CNRD agit seul, sans concertation, comme s’il bâtissait une monarchie absolue. Où est passé le consensus républicain ? », s’interroge Dr Millimouno.

Une répartition des kits qui interroge

Le président du BL n’a pas mâché ses mots sur l’acquisition et la répartition des 6 000 kits de recensement. Kankan en aurait reçu 30 %, contre seulement 15 % pour Conakry, la région la plus peuplée du pays. « Où est l’équité ? », demande-t-il, avant d’exiger des comptes sur les 35 millions de dollars engagés. « Y a-t-il eu un appel d’offres ? Qui a été sélectionné ? Pourquoi le silence ? », insiste-t-il, pointant du doigt une gestion opaque des fonds publics.

Panneaux solaires et machines inopérantes

À cela s’ajoutent des difficultés logistiques majeures. Alimentées par des panneaux solaires, les machines déployées sont souvent inutilisables, surtout en pleine saison des pluies. « En Guinée forestière, il pleut. Les machines sont à l’arrêt. Des citoyens ne peuvent pas se faire recenser, même s’ils le souhaitent », alerte-t-il.

Un retour aux pratiques d’avant 2000 ?

Dr Millimouno redoute une répétition des vieux démons électoraux guinéens. « Toutes les élections organisées par le ministère de l’Administration du Territoire ont été entachées de fraudes et de violences. C’est pourquoi on avait mis en place une CENI. Et aujourd’hui, c’est comme si on revient en arrière, comme si on voulait forcer le destin », avertit-il.

À l’heure où la transition guinéenne joue sa crédibilité sur la scène nationale et internationale, la voix du Bloc Libéral vient poser une question fondamentale : recenser pour identifier ou recenser pour éliminer ?

La suite du processus dira si l’histoire s’écrira avec ou sans les Guinéens.

Laguinee.info

 

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