Le rideau est tombé, brutalement, sur la vie de N’fa Moussa Keita, plus connu sous son nom de scène Moussa Kofoé, l’un des visages les plus populaires de l’humour guinéen. Ce lundi, l’artiste a tiré sa révérence à son domicile, situé dans le quartier Yabara à Kindia, après une brève hospitalisation dans la matinée. Il était rentré chez lui après avoir reçu des soins, mais son état s’est subitement aggravé. Il s’est éteint peu après, laissant derrière lui un peuple bouleversé et une famille inconsolable.

Sa disparition n’est pas seulement celle d’un comédien. C’est un pan de la mémoire populaire guinéenne qui s’effondre. Car Moussa Kofoé n’était pas un simple amuseur public. Il était une voix, un miroir de la société, un éducateur par le rire.

Kabakoudou, en larmes, salue son « frère d’art »

Profondément affecté, son ami et confrère comédien Sékouba Bangoura, alias Kabakoudou, n’a pas caché son émotion :

« C’est lui qui m’a montré le chemin du théâtre. Moussa Kofoé, c’était plus qu’un artiste, c’était une belle âme. Il savait faire rire, oui, mais surtout, il savait toucher les cœurs. L’Afrique l’aimait. »

Dans son témoignage, Kabakoudou a souligné la sincérité, l’humilité et l’impact continental de celui que tous surnommaient affectueusement Kofoé.

Une douleur intime pour sa famille

Côté famille, le chagrin est indescriptible. Domani Nabé, son épouse, est inconsolable :

« Ce matin, il avait encore la force d’aller à l’hôpital. Après les examens, le médecin nous a renvoyés. À peine arrivés à la maison, il est tombé… Mon mari était un homme joyeux, un père tendre. »

Quant à Fatoumata Binta, l’une de ses neuf enfants, elle tente de rassembler ses souvenirs à travers les larmes :  « Il nous a appris à rire même dans la douleur. Il croyait en l’éducation, il croyait en nous. Papa, tu vas tellement nous manquer… »

Un artiste pour l’histoire

Humoriste de génie, Moussa Kofoé a marqué des générations. À travers ses sketchs, il dénonçait les travers sociaux, les abus du quotidien, sans jamais perdre le sourire. Il était cette voix qui parlait vrai, en langue simple, avec une bienveillance rare. Ses vidéos circulaient dans les coins les plus reculés du pays comme à l’étranger, faisant rire et réfléchir en même temps.

La Guinée pleure un monument. L’Afrique perd un artiste engagé. Le peuple, lui, perd un frère.

De Kindia, Joël Francis Kolié 33.10, pour Laguinee.info