Lancée sous fond de modernisation des bases de données de la population, l’opération de recensement des personnes âgées de 10 ans et plus, initiée par les autorités de la Transition, suscite à la fois adhésion et indignation. À Kissidougou, des dérives entachent déjà l’image de cette campagne censée être gratuite pour tous les citoyens.
À la mairie de la commune urbaine, un nouveau système parallèle semble avoir vu le jour : la vente illégale des fiches de renseignements. Des jeunes, souvent non identifiés, ont flairé l’occasion de se faire de l’argent sur le dos des citoyens, notamment les plus vulnérables.
Un citoyen victime de cette extorsion témoigne : « Mon épouse, enceinte, est allée se faire recenser. Mais avant cela, il lui fallait un extrait d’acte de naissance. Je lui ai conseillé de se procurer une fiche de renseignements. À notre grande surprise, à la mairie, on lui demande 15 000 GNF : 5 000 pour la fiche, 5 000 pour la remplir et 5 000 pour le suivi. Pourtant, on nous a dit que tout cela est gratuit. »
Derrière cette pratique, un constat alarmant : non seulement les fiches censées être fournies gratuitement aux citoyens sont monnayées, mais ceux-ci doivent également en faire des photocopies à leurs frais, selon le nombre de membres dans leur foyer.
Interpellées, plusieurs personnes dénoncent un système organisé d’extorsion toléré dans certaines mairies. Jusqu’ici, aucune réaction officielle des autorités locales n’a été enregistrée.
Alors que cette campagne de recensement se veut inclusive et structurante pour le pays, des voix s’élèvent pour appeler à une meilleure surveillance de son déroulement sur le terrain. Car si la confiance des citoyens est brisée à ce stade, c’est l’ensemble du processus qui risque d’en pâtir.
Laguinee.info