Nouveau coup de théâtre dans la transition malienne. Le président de la Transition, le Général Assimi Goïta, a ordonné ce mercredi 7 mai la suspension immédiate, et jusqu’à nouvel ordre, de toutes les activités des partis politiques sur l’ensemble du territoire national. La mesure s’étend également aux associations et organisations à caractère politique, selon un communiqué officiel lu à la télévision d’État ORTM à l’issue du Conseil des ministres.
Le gouvernement justifie cette décision par des « raisons d’ordre public », alors que le climat politique est devenu de plus en plus tendu ces dernières semaines. Plusieurs partis d’opposition avaient prévu une grande manifestation pour le vendredi 9 mai, afin de protester contre un projet de loi controversé récemment adopté par le gouvernement.
Ce texte prévoit une refonte en profondeur du paysage politique malien, avec notamment :
l’abrogation de la Charte des partis politiques de 2005,
la suppression du Statut de l’opposition de 2015,
la disparition du financement public des partis,
la fin du statut de chef de file de l’opposition,
et l’introduction d’une caution de 100 millions de FCFA pour la création d’un nouveau parti.
Ces dispositions, issues des concertations régionales et nationales d’avril 2025, sont perçues par le pouvoir comme une volonté de « rationaliser l’espace politique ». Mais pour l’opposition, il s’agit d’une « dissolution pure et simple du pluralisme » et d’un retour à un régime autoritaire. La caution exigée est, selon elle, une forme de « suffrage censitaire » destiné à verrouiller la scène politique.
Parallèlement, ces réformes ouvriraient la voie à un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable pour le Général Goïta, alignant ainsi le Mali sur les pratiques de ses voisins membres de la Confédération des États du Sahel (AES).
Les partis d’opposition, vent debout contre ces évolutions, réclamaient depuis des mois la fin de la transition avant le 31 décembre 2025, un calendrier électoral clair, la libération des détenus d’opinion, et le retour des exilés politiques. Certains d’entre eux menacent même de poursuites judiciaires contre tout responsable impliqué dans ce qu’ils considèrent comme une tentative de manipulation de la Constitution.
Le décret présidentiel formalisant la suspension sera prochainement publié au Journal officiel, a indiqué le gouvernement.
Dans un pays déjà marqué par une instabilité chronique et une gouvernance militaire depuis 2021, cette nouvelle décision risque d’accentuer davantage les fractures politiques internes et d’ouvrir un nouveau cycle de tensions.
Laguinee.info