mercredi, avril 30, 2025
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Mali : les forces vives recommandent la dissolution de tous les partis politiques

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C’est un tournant historique que vient de franchir le Mali. À l’issue d’une vaste consultation nationale tenue au Centre international de Conférence de Bamako (CICB), les forces vives du pays ont formulé une série de recommandations sans précédent.

Dans une salle comble, sous la présidence du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, le pays semble avoir acté la dissolution pure et simple de l’ensemble des partis politiques ainsi que l’élévation du Général d’Armée Assimi Goïta au rang de président de la République pour un mandat renouvelable de cinq ans.

Une méthodologie bien rodée

Les consultations, menées à la fois sur le territoire national et auprès de la diaspora malienne, se sont articulées autour de trois thématiques clés : l’assainissement du paysage politique, la relecture de la charte des partis, et la lutte contre le nomadisme politique. Une approche participative, selon les organisateurs, qui visait à « redonner du sens à l’action publique et à restaurer la souveraineté de l’État ».

Fin des partis, début d’un nouveau régime ?

La proposition-phare : la dissolution immédiate de tous les partis politiques. Jugés pléthoriques et inefficaces, ils devront désormais se plier à des conditions drastiques de création : caution de 100 millions de FCFA, implantation nationale obligatoire, encadrement de l’âge des dirigeants et suppression des financements publics. Une manière assumée de filtrer l’accès à la vie politique.

Autre décision symbolique : la suppression du statut de chef de file de l’opposition, perçu comme un luxe budgétaire sans plus-value démocratique. Les fonds associés seraient redirigés vers des projets de développement.

Le verrouillage institutionnel en marche

La lutte contre le nomadisme politique se durcit également. Toute mobilité politique en cours de mandat serait interdite et lourdement sanctionnée. Les partis accueillant des élus « transfuges » risqueraient l’inéligibilité totale.

Mais c’est surtout la recommandation de confier les rênes du pouvoir au Général Assimi Goïta qui cristallise les attentions. La proposition entend l’installer officiellement comme Président de la République, avec un mandat de cinq ans renouvelable. Une manière de « stabiliser l’État » selon les organisateurs, mais aussi d’aligner le Mali sur ses partenaires de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Un processus verrouillé jusqu’à nouvel ordre

En parallèle, toutes les échéances électorales seraient suspendues jusqu’à la « pacification du pays ». Un audit du fichier électoral est prévu, ainsi que le maintien des organes actuels de la Transition. Les manifestations politiques resteront soumises à autorisation préalable. Une caution de 250 millions de FCFA serait exigée pour toute candidature à la présidentielle, qui se jouerait désormais en un seul tour.

Une vision, des inquiétudes

Pour le Premier ministre Abdoulaye Maïga, ces recommandations sont « claires » et constituent « un pas décisif vers la refondation ». Mais au-delà des discours officiels, le silence des voix discordantes interroge. La neutralisation des partis, la concentration du pouvoir et la suspension indéfinie du calendrier électoral posent la question de la durabilité démocratique de cette transition.

Reste à savoir si ces mesures, annoncées comme transitoires, ne marquent pas l’avènement d’un régime hyper-présidentialisé sous couvert de refondation.

Laguinee.info

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