Un scandale politico-judiciaire secoue la Namibie. Le ministre de l’Agriculture, de l’Eau et de la Réforme agraire, Mac Hengari, a été arrêté puis limogé ce lundi par la présidente Netumbo Nandi-Ndaitwah. Il est accusé de viol sur mineur et de tentative de subornation de témoin.
Selon les autorités, l’arrestation a eu lieu dans la capitale, à l’issue d’une opération menée par la police, alertée par la victime présumée. Aujourd’hui âgée de 21 ans, cette dernière accuse le ministre de l’avoir violée il y a cinq ans, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Les enquêteurs affirment que M. Hengari aurait tenté de lui verser 230 000 dollars américains en liquide pour la convaincre de retirer sa plainte. Il a été placé en détention provisoire, la justice ayant rejeté sa demande de libération sous caution, jugeant le risque de fuite élevé.
Dans un communiqué publié dans la soirée, la présidence a confirmé la révocation immédiate de M. Hengari. « La cheffe de l’État, Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah, a mis fin avec effet immédiat aux fonctions de M. Mac Hengari, dans le respect des principes de responsabilité gouvernementale et de confiance publique », peut-on lire.
Une réponse saluée dans un pays confronté aux violences sexuelles
Le cas Hengari intervient dans un contexte national préoccupant. En Namibie, près de 1 600 cas de viol sont enregistrés chaque année, selon les statistiques officielles — un chiffre probablement en deçà de la réalité, compte tenu du silence qui entoure encore ces crimes. Les victimes sont souvent des jeunes filles.
La réaction rapide de la présidence a été saluée par plusieurs organisations de défense des droits humains. L’ONG Sister Namibia salue « une rupture avec la culture de l’impunité, encore trop fréquente dans la région ».
Cette décision marque un tournant dans une région où les ministres accusés de violences sexuelles parviennent souvent à échapper à la justice. Le limogeage de M. Hengari, décidé par la toute première femme présidente de Namibie élue en février dernier, pourrait bien constituer un précédent. À la fois politique et judiciaire, ce geste renforce l’image d’une gouvernance basée sur l’exemplarité et la responsabilité.
Un signal fort, dans un pays où les cicatrices du silence et de l’impunité commencent, peut-être, à se refermer.
Laguinee.info