Autrefois fierté architecturale de la région forestière, la Villa Syli de Guéckédou n’est aujourd’hui qu’une ruine oubliée. Symbole de l’indépendance guinéenne et de l’époque du Président Ahmed Sékou Touré, elle sombre peu à peu dans l’oubli, au grand désarroi des habitants.
M. Fodé Mathias Dembadouno, patriarche de Guéckédou et vice-président du Conseil régional des patriarches de la Forêt, tire la sonnette d’alarme. Porte-voix d’une mémoire collective, il revient sur l’historique de ce bâtiment emblématique.
« La Villa Syli a été construite dans les années 63-64, sous Sékou Touré, pour accueillir les hôtes de marque. Le président lui-même y a séjourné lors d’une visite à Guéckédou. J’étais jeune à l’époque, mais je me souviens bien, c’était un bijou », témoigne-t-il avec émotion.
Tout bascule en 2000, lors des incursions rebelles. La région est alors le théâtre de violents affrontements, et la villa est touchée par des bombardements sur ordre des autorités militaires, selon M. Dembadounou. Depuis, les promesses de réhabilitation se succèdent, mais rien ne bouge.
« Même le président déchu Alpha Condé avait été informé, son gouvernement aussi. Mais rien n’a été fait. Plus récemment, le 26 février, le ministre de l’Urbanisme est passé ici. Nous l’avons accompagné sur les lieux. Il a vu de ses propres yeux l’état de la villa et a promis d’agir… mais toujours rien », déplore le patriarche.
La situation préoccupe d’autant plus que Guéckédou n’a plus d’infrastructure digne pour accueillir des hôtes officiels. Pendant ce temps, les villes voisines comme Macenta ou N’Zérékoré ont conservé leurs villas présidentielles.
Point stratégique à la croisée de trois frontières: Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Guéckédou mérite mieux, plaide le porte-parole des sages.
« Si la guerre a détruit, la paix doit reconstruire. Guéckédou est un marché régional, un carrefour économique. Nous lançons un appel aux autorités, aux bonnes volontés, aux fils du pays, pour redonner vie à ce symbole. »
Un cri du cœur, une urgence patrimoniale, mais surtout un devoir de mémoire envers l’histoire nationale.
De Guéckédou, Oumar LENO, pour Laguinee.info