À Makonon, village situé à 15 kilomètres du centre-ville de Kankan, l’inquiétude est à son comble. Une partie du forêt sacré TouKani-ni, longtemps considéré comme le génie protecteur du village, a été ravagée par un incendie provoqué par un acte humain.

La communauté, en colère, pointe du doigt des ex-chefs de quartier récemment révoqués, soupçonnés d’être complices de cet acte qu’elle juge « cruel ».

Un sanctuaire millénaire attaqué

Selon Doussou Mory Condé, porte-parole du doyennat de Makonon, la forêt TouKani-ni est protégé depuis plus d’un millénaire par les différentes générations du village.

« La personne qui a débroussaillé ce forêt s’appelle Yaya. Avant qu’il ne passe à l’acte, nous lui avons interdit à plusieurs reprises de toucher à cet endroit sacré. Un jour, nous l’avons surpris avec d’anciens chefs, en train de débroussailler le forêt. Le doyen du village a failli pleurer ce jour-là, tant cet acte est une insulte à nos ancêtres et à nos traditions », a confié Doussou Mory Condé à notre rédaction.

Selon lui, une plainte avait été déposée contre l’auteur principal, Yaya, qui avait été brièvement interpellé avant d’être libéré par pitié. Quelques heures après sa libération, une épaisse fumée s’est élevée de la forêt, marquant le début de l’incendie.

Un lieu de grande importance

Pour la communauté de Makonon, la forêt TouKani-ni n’est pas un simple espace boisé. Elle est perçue comme un véritable trésor spirituel et matériel pour tout Kankan.

« Ce forêt procure beaucoup de bonheur non seulement à Makonon mais aussi à toute la Guinée. Il y a des secrets que nous ne pouvons pas révéler ici. Ce que nous pouvons dire, c’est que cet endroit est aussi vital que la pluie pour nous. Il abrite également un arbre unique, le bödö, dont les fruits ravitaillent toute la région », a poursuivi le porte-parole.

La communauté affirme qu’il n’existe aucun autre forêt semblable à Kankan et souligne que l’histoire de ce lieu remonte à plus de mille ans.

Contexte de tensions locales

Selon plusieurs sources concordantes, cet acte d’incendie serait lié à des querelles de pouvoir local. Un groupe d’anciens chefs, écartés par la population lors d’une récente crise de confiance, chercherait à déstabiliser Makonon en s’attaquant à ses symboles les plus sacrés.

Pour l’instant, la communauté reste mobilisée et demande que justice soit rendue afin de préserver ce patrimoine millénaire.

De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info