Le général Abdourahamane Tiani, président de la République du Niger, a signé ce jeudi un décret portant remaniement ministériel majeur. Huit nouvelles figures rejoignent l’exécutif, trois portefeuilles inédits voient le jour et le mouvement citoyen M62 entre officiellement dans la sphère gouvernementale.
Une recomposition stratégique qui porte désormais l’équipe ministérielle à 26 membres, contre 23 auparavant.
Le M62 au cœur de la refondation
La nomination la plus commentée est celle d’Abdoulaye Seydou, coordonnateur du mouvement M62, à la tête du ministère du Commerce et de l’Industrie. Porte-voix d’une partie de la société civile depuis plusieurs mois, son entrée au gouvernement symbolise un geste fort d’ouverture du régime militaire vers les forces citoyennes engagées dans la transition. Il n’est pas le seul à incarner cette dynamique. Ali Ben Salah Hamouda, lui aussi issu des Assises nationales, prend les rênes d’un tout nouveau ministère : la Refondation, la Culture et la Promotion des Valeurs Sociales.
Trois nouveaux ministères, pour une nouvelle vision
Ce remaniement acte la création de trois ministères aux missions stratégiques :
Le ministère de la Refondation, pour ancrer les repères identitaires et renforcer la cohésion sociale ;
Le ministère de la Population, de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, confié au Pr Sidikou Ramatou Djermokoye Seyni, pour renforcer la politique sociale de l’État ;
Le ministère de l’Enseignement et de la Formation Technique et Professionnelle, dirigé par le Pr Farmo Moumouni, afin d’adapter l’offre de formation aux besoins du marché de l’emploi.
Une équipe élargie, entre civils et militaires
Le nouveau gouvernement maintient une forte présence militaire dans ses rangs. Le Colonel Abdoulkadri Amadou Daouda rejoint l’équipe en tant que ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat. Aucun des militaires issus du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CSNP) n’a été remplacé, confirmant le rôle central des forces armées dans la transition.
Parmi les autres nouvelles têtes, on note :
Sidi Mohamed Al Mahmoud, président du Conseil national de la jeunesse, comme ministre de la Jeunesse et des Sports ;
Adji Ali Salatou, nommé à la Communication et aux NTIC ;
Mahamane Sidi, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du Budget.
Des départs et des réaffectations ciblées
Cinq ministres quittent l’équipe, dont Aïssa Laouan Wandarama (Action humanitaire) et Mohamed Sidi Raliou (Communication). Côté réaffectations, le Colonel-Major Abdourahamane Amadou, ancien ministre de la Jeunesse, prend la tête des Transports, tandis que son homologue Salissou Mahaman Salissou hérite du ministère de l’Équipement.
Un équilibre entre continuité et adaptation
Si la continuité est assurée sur les portefeuilles régaliens, ce remaniement marque une inflexion : ouverture vers la société civile, intégration de profils académiques, recentrage sur la refondation des institutions et la relance économique. Dr Soumana Boubacar, ancien directeur de cabinet du président du CSNP, devient ministre-directeur de cabinet du Président, en charge de la communication gouvernementale.
Une transition qui se structure
Avec ce nouveau gouvernement, le général Tiani semble vouloir renforcer l’efficacité de son action dans un contexte de transition encore fragile. Cette recomposition, largement inspirée des recommandations des Assises nationales, pourrait bien ouvrir la voie à l’accélération des réformes politiques et institutionnelles en cours.
Le Niger s’offre un nouveau visage gouvernemental, entre stabilité militaire, souffle citoyen et refondation nationale.
Laguinee.info