Une nouvelle affaire de supposée mauvaise prise en charge médicale secoue l’hôpital régional de Kankan. En cause, une intervention chirurgicale sur une fillette de 7 ans, originaire de Mandiana, dont l’état de santé s’est aggravé quelques semaines après son opération.
Face à la polémique grandissante dans la presse et sur les réseaux sociaux, la direction de l’établissement hospitalier a tenu, ce jeudi, un point de presse pour rétablir sa vérité.
Un cas médical délicat pris en charge par l’hôpital
Selon les témoignages recueillis, la petite Bintou Mara avait été admise en février dernier pour une tumeur grave nécessitant une opération urgente. Faute de moyens financiers, le Directeur général de l’hôpital, Dr Faremba Camara, aurait personnellement pris en charge tous les frais de l’intervention.
« L’enfant souffrait d’une tumeur rénale. Nous avons fait tous les examens nécessaires. Voyant l’urgence et le manque de moyens de la famille, j’ai décidé de supporter les frais moi-même », a affirmé Dr Camara lors du point de presse.
L’opération, menée par une équipe du service urologie, se serait bien déroulée selon les médecins. « La tumeur a été enlevée avec succès. L’enfant a recommencé à marcher, et la cicatrisation s’est faite rapidement. Nous avons même des vidéos de l’intervention », précise Arafan Moussa Fofana, surveillant au service d’urologie et membre de l’équipe opératoire.
Des accusations de négligence après une rechute
Cependant, quelques semaines après leur retour à Mandiana, les parents de Bintou ont alerté l’hôpital sur une rechute. Selon eux, la fillette aurait commencé à montrer des signes de paralysie. Contacté par téléphone, le médecin traitant aurait décliné leur appel, ce que déplorent les proches de l’enfant.
« Aujourd’hui, notre fille ne peut plus marcher. On nous dit maintenant qu’elle doit être transférée à Conakry, mais au départ, on ne nous a jamais informés que l’opération pouvait aggraver son état. Sa mère a tout dépensé, elle n’a plus rien. Nous sommes désemparés », a témoigné un membre de la famille dans la presse locale.
La version de l’hôpital : non-respect des consignes post-opératoires
Pour la direction de l’hôpital, cette situation serait liée au non-respect des recommandations médicales données après l’intervention.
« Nous leur avons clairement dit de se rendre à Conakry pour un suivi en oncologie. Mais ils ne l’ont pas fait. Pire, ils ont fait injecter l’enfant ailleurs, sans consulter nos médecins. C’est irresponsable », a martelé Dr Camara.
Il poursuit : « Le père de l’enfant m’a remercié personnellement après l’intervention. Mais aujourd’hui, il critique publiquement notre travail. C’est de l’ingratitude. L’opération a coûté plus de 40 millions GNF, entièrement à ma charge. »
Arafan Fofana a confirmé cette version, expliquant avoir tenté de joindre la famille à plusieurs reprises pour suivre l’évolution de l’état de l’enfant : « J’ai appelé, ils n’ont pas répondu. Lorsqu’ils sont revenus, c’était déjà trop tard. »
Un débat sur la prise en charge des patients vulnérables
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la communication entre les structures de santé et les familles, ainsi que sur les défis de la médecine dans les zones rurales. Si les proches de la patiente crient à la négligence, l’hôpital, lui, dénonce une incompréhension des consignes médicales et un manque de coopération de la famille.
La direction du centre hospitalier appelle à la retenue, mais assure qu’elle est prête à « se défendre sur tous les plans » contre ce qu’elle qualifie d’attaques injustifiées.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya, pour Laguinee.info