samedi, avril 19, 2025
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Mali : la classe politique tourne le dos aux consultations sur la Charte des partis

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Boycott massif, soupçons de dissolution et bras de fer institutionnel : à la veille des consultations annoncées par le gouvernement malien sur la relecture de la Charte des partis politiques, plus d’une centaine de représentants de formations politiques tirent la sonnette d’alarme. Et claquent la porte.

Au Mali, c’est une rupture nette, presque brutale. Mardi 15 avril, lors d’un point de presse d’une rare fermeté, plus d’une centaine de partis politiques ont annoncé qu’ils ne participeront pas aux consultations sur la relecture de la loi n° 05-047, pourtant censées débuter ce mercredi au niveau communal.

En cause : un profond malaise entre l’exécutif et une large partie de la classe politique. Ces partis dénoncent une démarche unilatérale du gouvernement, qui les a écartés des préparatifs, ne leur accordant que deux places symboliques dans un processus qui les concerne au premier chef. Le rejet est catégorique.

Un dialogue étouffé dans l’œuf

La crise couvait depuis plusieurs semaines. Le 13 avril dernier, les partis politiques avaient adressé une requête au Premier ministre : reporter les consultations et ouvrir un dialogue direct, franc et structuré. En vain. Le silence de l’exécutif a sonné comme un mépris de trop.

« Les partis politiques ont respectueusement demandé à Monsieur le Premier ministre d’ouvrir, sans délai, un dialogue responsable sur la Charte des partis politiques », rappellent-ils dans leur déclaration selon maliweb.net. La porte est restée fermée.

Des consultations jugées inutiles et illégitimes

Trois questions, posées comme un défi au gouvernement, résument la colère des partis :

Pourquoi consulter à nouveau les forces vives sur un sujet déjà tranché lors des Assises nationales de la Refondation (ANR) ?

Quelle est la légitimité de ces nouvelles consultations, inférieure à celle des ANR ?

Et surtout, pourquoi gaspiller des ressources publiques dans un contexte de crise, alors que des priorités vitales attendent ?

Pour les partis, la relecture de la Charte a déjà trouvé son épilogue dans les résolutions des ANR. Il n’y a donc, à leurs yeux, aucune urgence ni pertinence à relancer ce chantier, sinon une volonté cachée de contourner le cadre légal.

Le spectre de la dissolution plane

Mais au-delà du désaccord procédural, une peur plus profonde s’installe : celle d’un projet inavoué de dissolution des partis politiques. Les rumeurs se multiplient, et elles inquiètent.

« Il se murmure que le processus enclenché aurait pour finalité de dissoudre ou, à tout le moins, de suspendre les activités des partis politiques comme au Burkina Faso et au Niger », a alerté Oumar Ibrahim Touré, dans une déclaration claire et grave.

Une ligne rouge constitutionnelle

Pour Me Mountaga Tall, cette hypothèse n’est pas seulement inacceptable, elle est illégale. Il rappelle que le Mali, contrairement à ses voisins, dispose encore d’une Constitution en vigueur  adoptée par référendum le 22 juillet 2023 et que cette dernière protège formellement l’existence et les activités des partis politiques.

« Au Burkina et au Niger, les constitutions sont suspendues. Au Mali, la transition a adopté une nouvelle Constitution », martèle l’ancien ministre. Une manière de tracer une ligne rouge aux autorités maliennes.

Vers une crise politique ouverte ?

À l’heure où le gouvernement tente de relancer un dialogue national autour des partis politiques, la classe politique, elle, semble avoir définitivement quitté la table. Boycott, défiance et soupçons de dérive autoritaire : les ingrédients d’une nouvelle tempête institutionnelle sont réunis.

Et cette fois, ce ne sont plus des murmures, mais un cri d’alerte.

 

Laguinee.info

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