lundi, avril 28, 2025
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Mange, camarade, mange !

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Mange, camarade, mange ! Avale ton honneur, rôtis ta conscience, fais mijoter ta dignité. Toi qui chantais la démocratie comme un griot inspiré, te voilà aujourd’hui à table, fourchette dans une main, trahison dans l’autre. On t’avait vu crier dans les rues, l’écume aux lèvres, contre « le système » ; te voilà désormais assis sur ses genoux, le bavoir bien noué.

Tu disais : « Jamais je ne courberai l’échine. » Aujourd’hui, elle te sert de repose-plat. Tu disais : « Je suis avec le peuple. » Mais c’est son dos que tu foules pour grimper. Tu disais : « Nous irons jusqu’au bout. » Le seul bout que tu aies atteint, c’est celui de la table du banquet.

Tu n’as pas rejoint le pouvoir. Tu t’es vendu. Et pas cher. Une parcelle, une nomination, un carburant. Il n’a pas fallu grand-chose pour faire de toi un griot du mensonge. Un griot ventripotent, repu, muet devant les cris des rues, mais bavard sur les plateaux de télé. Tu parles de stabilité, de compromis, de cohésion. En vrai, tu parles de ton poste, de ta paie, de ton ventre.

La politique du ventre, voilà ta patrie. Tu as remplacé le drapeau par la serviette, la lutte par le luxe, la vision par la soupe. Tu dis que tu construis. Non : tu consoles ton ego et tu coules ton peuple. Ton courage n’était qu’une posture, ton engagement un prétexte. Tu étais en grève de nourriture, pas en guerre contre l’injustice.

Et quand le peuple hurle encore ? Tu lui demandes de patienter. Quand on t’interroge ? Tu expliques avec aplomb que « la réalité est complexe. » Traduction : « Laisse-moi manger en paix. »

Mais attention, camarade repenti. L’Histoire n’a pas d’estomac. Elle ne digère pas les traîtres, elle les vomit. Quand le vent tournera – et il tournera –, tu ne trouveras plus ni table, ni chaise, ni assiette. Juste ton reflet, seul, sale, honteux.

Mange, camarade, mange. Car demain, on servira l’addition.

 

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