mardi, avril 15, 2025
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Simandou 2040 : 15 % pour la Guinée, 100 % de doutes pour Dr Faya Millimouno

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Le projet Simandou 2040 devait incarner la renaissance économique de la Guinée. Il devait. Mais à écouter Dr Faya Milimouno, leader du Bloc Libéral, l’opération ressemble plutôt à un marché de dupes où la Guinée n’a été invitée qu’à observer, sourire… et encaisser des miettes.

Dans une interview publiée sur la page de son parti, l’opposant n’a pas mâché ses mots. À défaut de chiffres rassurants, il pose des questions gênantes : « Comment peut-il nous garantir que nous aurons 15 %, si un jour Simandou est exploité ? » Et encore, ce fameux 15 %, c’est sur la valeur du minerai. Autrement dit : un bout de gâteau que d’autres auront déjà généreusement entamé.

Quand le Transguinéen devient le Transillusion

La Guinée n’aurait donc droit qu’à 15 % de l’ensemble du projet : les rails, les ports, les infrastructures. Une part symbolique, presque folklorique. Dr Milimouno rappelle que dans un autre temps, moins glorieux mais manifestement plus juste, la Guinée détenait la propriété pleine et entière des installations de la CBG : rail, cités ouvrières, infrastructures. On avait au moins la façade, même si l’intérieur laissait à désirer.

Mais aujourd’hui ? À en croire l’accord autour de Simandou, l’État guinéen n’aura que le strapontin d’un projet censé le propulser au firmament des nations émergentes. À croire que les mines d’un des plus grands gisements de fer au monde n’ont pas la même densité quand elles sont extraites en Guinée.

49 % hier, 15 % demain, et toujours 0 % de transformation?

Dr Faya Milimono pousse l’ironie plus loin : même avec 49 % des revenus de la CBG, le pays n’a pas vu la couleur d’un développement digne de ce nom. « Si en 50 ans, avec cette part, nous n’avons pas pu créer suffisamment de richesses pour le reste de la Guinée, alors qu’espérer aujourd’hui avec seulement 15 % ? », interroge-t-il. Bonne question. Silence gêné dans les rangs des promoteurs.

Des emplois… jetables

On promet des milliers d’emplois ? Très bien. Mais pour combien de temps ? Dr Milimono gratte le vernis : « Pendant la construction, 50 000 emplois peut-être. Mais après ? On en perdra 40 000. Et les 10 000 restants ? Des manœuvres, des plantons. » Le rêve national réduit à des contrats précaires et des salaires au lance-pierres. Un million de francs guinéens par mois pour certains travailleurs, selon ses sources. À ce tarif, on construit plus d’amertume que d’avenir.

Un mirage économique aux couleurs patriotiques

Enfin, l’opposant doute de la magie financière qu’on nous vend : écoles, hôpitaux, énergie, routes… Tout cela serait financé par les retombées de Simandou ? Une douce promesse, peut-être utile en période de campagne électorale. Mais sans mécanisme de redistribution clair, sans contrôle étatique fort, sans stratégie de transformation locale des ressources, Simandou risque fort de devenir un mirage de plus, accroché au désert des illusions guinéennes.

Au fond, Dr Faya Milimono ne fait que poser une question simple : à qui profitera réellement Simandou ? Et tant que les réponses resteront floues, une autre question restera en suspens : combien de fois faudra-t-il vendre la Guinée pour espérer la développer ?

Laguinee.info 

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