Le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a livré un discours d’une rare virulence ce samedi, lors de l’Assemblée générale hebdomadaire de son parti, tenue en visioconférence depuis l’étranger. Le ton était sec, direct, sans fioritures. L’heure n’est plus aux demi-mots. Face à une série de défections dans ses rangs, le chef de file de l’opposition guinéenne a choisi de sortir les crocs.
Devant les militants réunis au siège du parti à Dixinn, Cellou Dalein a lancé un message clair, presque brutal, à l’endroit de ceux qu’il qualifie désormais de traîtres déguisés :
« Ceux qui ont mené ce combat avec nous jusqu’à maintenant, s’ils sont fatigués et pensent qu’il faut aller à la soupe ou aller ailleurs pour se reposer, qu’ils le fassent et nous laissent tranquilles. »
Le mot est lâché : « aller à la soupe », une expression bien connue dans le jargon politique guinéen pour désigner ceux qui abandonnent leurs convictions pour des privilèges ou des postes offerts par le pouvoir. Une pique assumée à l’encontre de plusieurs cadres de l’UFDG qui, ces derniers mois, ont quitté le navire pour rallier le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la junte militaire au pouvoir depuis septembre 2021.
Des départs qui fâchent
Parmi les défections les plus remarquées : Cellou Baldé, ancien député de Labé, longtemps considéré comme un pilier du parti dans la région du Fouta, et Maladho Diallo, également figure influente. Leurs ralliements successifs au CNRD, sans justification politique claire, ont été perçus comme des trahisons. Des coups de poignard dans le dos pour une formation qui se veut le dernier bastion d’une opposition crédible en Guinée.
Derrière ses mots durs, Cellou Dalein Diallo trace une ligne rouge. Il refuse désormais de faire dans la complaisance avec ceux qui oscillent entre loyauté et opportunisme. Son message : choisir un camp et l’assumer.
Un rappel aux fondamentaux
Dans la suite de son intervention, l’ancien Premier ministre a réaffirmé ce qui fait, selon lui, la singularité de l’UFDG.
« Nous sommes des hommes de conviction, des hommes d’honneur. Nous nous battons pour la Guinée, pas pour une identité donnée, pas contre un parti ou un homme, mais contre toutes les mauvaises pratiques que nous avons vécues. »
Un rappel destiné autant à galvaniser sa base qu’à mettre en garde ceux qui seraient tentés de fléchir. L’UFDG, répète-t-il, n’est pas un club d’ambitieux, mais un instrument de lutte contre les injustices, la mauvaise gouvernance, l’exclusion et la corruption.
Une stratégie de fermeté
En prenant publiquement à partie les cadres hésitants ou déserteurs, Cellou Dalein Diallo change de posture. Lui que certains accusaient de laxisme ou de calcul politique interne adopte désormais une ligne dure. Il choisit de clarifier, de trancher, de purger même, pour relancer un parti affaibli mais toujours central dans l’échiquier politique guinéen.
Dans un contexte de transition incertaine, où le CNRD semble multiplier les stratégies de cooptation, cette sortie vise aussi à préserver l’unité de l’opposition autour d’une vision claire, quitte à faire tomber les masques. Chez Cellou Dalein, la consigne est désormais sans ambiguïté : le combat continue, mais sans les tièdes, sans les vacillants, sans les ventres mous.
Laguinee.info
