samedi, avril 19, 2025
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Affaire Kadiatou Diallo à Sanoyah : un collectif féministe monte au créneau et appelle à une refonte du système judiciaire

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Un féminicide de plus. Celui de Kadiatou Diallo, marchande au marché du KM 36 et mère de trois enfants, retrouvée calcinée sous une dalle à Sanoyah, a suscité une vive émotion. Dans une déclaration commune, le Collectif des associations et féministes contre les violences basées sur le genre appelle à une transformation profonde du système judiciaire guinéen.

Selon les informations recueillies par le collectif dans le cadre de sa veille citoyenne, Kadiatou a été portée disparue le vendredi 4 avril 2025. Le 7 avril, un incendie domiciliaire permet la découverte de son corps. Deux jours plus tard, son époux est arrêté à la frontière guinéo-sierra-léonaise. Dans une interview accordée à un média local, il reconnaît l’avoir étranglée au cours d’un différend, déclarant avoir cru qu’elle allait se réveiller. Il aurait ensuite dissimulé le corps avant de fuir vers Pamelap. Il dit aujourd’hui « regretter son geste ».

Ces aveux, qui doivent être examinés dans le cadre d’une procédure judiciaire en bonne et due forme, ne suffisent pas à apaiser l’indignation. Le collectif dénonce une violence devenue banale dans l’espace conjugal, et qui échappe encore trop souvent aux radars des institutions. Une association membre a d’ailleurs annoncé son intention de se constituer partie civile dans cette affaire.

Des témoignages recueillis sur place par le collectif laissent entrevoir un passif préoccupant. Un voisin indique que le suspect était peu connu dans le quartier en raison de ses fréquents séjours en détention. Kadiatou, elle, aurait tout fait pour l’aider à “revenir sur le droit chemin”. Des soupçons de violences antérieures existeraient également, suggérant que la victime aurait déjà subi des agressions dans le passé.

Face à ce drame, le collectif estime que le système judiciaire tel qu’il fonctionne aujourd’hui ne répond pas aux enjeux de protection, de réparation et de prévention. Il pointe notamment l’inaccessibilité du droit pour les victimes, l’absence de suivi psychologique pour les auteurs de violences, et le manque de stratégie claire pour éviter les récidives.

Une justice à repenser

Le collectif plaide pour une justice :

  • Transformatrice, qui agit sur les causes profondes ;
  • Restaurative, qui place la victime au centre du processus ;
  • Réparatrice, qui prend en compte les dimensions psychologique, sociale et symbolique ;

Et inclusive, c’est-à-dire accessible à tous, ancrée dans les réalités locales.

  • Revendications du collectif :
  • Un suivi rigoureux et transparent de l’enquête en cours ;
  • Le renforcement des moyens alloués à la justice ;
  • L’élaboration d’un cadre juridique solide et adapté aux réalités guinéennes ;

Et une transformation structurelle des dispositifs judiciaires et sociaux.

Un cri d’alerte politique

Le collectif conclut sa déclaration en ces termes :

« Nous ne sommes pas l’État. Et nous ne voulons pas le devenir. Nous agissons parce que l’État est absent. Pendant que nous luttons pour sauver des vies, il organise des parades de réconciliation et des arrangements amiables. Ces compromis tuent. Ils tuent les femmes, les enfants, la justice, les luttes passées, et l’espoir. »

À travers ce drame, c’est tout un système qui est mis en accusation. Le traitement judiciaire de l’affaire Kadiatou Diallo sera un test. Pas seulement pour déterminer la culpabilité d’un homme, mais pour mesurer la capacité d’une société à protéger ses citoyennes les plus vulnérables.

Laguinee.info

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