Conakry, 12 novembre 2024. La signature de l’arrêté d’engagement de 825 enseignants-homologues à la Fonction publique a marqué un tournant majeur pour l’enseignement supérieur guinéen. Mais derrière les sourires et les félicitations se cache une blessure profonde, une injustice que vivent en silence une vingtaine d’enseignants-homologues actuellement en formation à l’étranger.
Ces enseignants, inscrits dans des programmes de master ou de doctorat, faisaient pourtant partie intégrante de la même cohorte. Mais à la publication de la liste finale, leurs noms ont disparu. Pas d’oubli administratif, pas d’erreur technique : ils ont été tout simplement écartés.
« Devons-nous sacrifier leur carrière sur l’autel de ces contraintes indépendantes de leur volonté ? La réponse, c’est non ! » s’insurge Malick Sanguiana Camara, l’un des enseignants concernés.
Selon les explications recueillies, cette exclusion serait due à l’impossibilité pour ces enseignants de se faire enrôler biométriquement, étape indispensable selon le SYNAESURS pour figurer sur les listes transmises à la Fonction publique. Or, faute de moyens pour rentrer au pays, ou à cause d’un défaut de communication syndicale, ces enseignants n’ont pas pu remplir cette exigence.
« Le principe d’équité, pilier de toute administration juste, semble avoir été foulé aux pieds. Pourquoi exclure des enseignants en formation, dont les efforts pour perfectionner leurs compétences bénéficieront directement au système éducatif guinéen ? », s’interroge encore Camara.
L’ironie est d’autant plus mordante que ces enseignants ont bénéficié de bourses du Ministère de l’Enseignement Supérieur, avec l’engagement de revenir servir l’université guinéenne pendant dix ans. Aujourd’hui, leur avenir semble suspendu à un flou administratif.
« Ils sont une vingtaine dans cette situation. Ce qui, du coup, les plonge dans une profonde méditation et à s’interroger. Faut-il continuer son programme de formation ou abandonner et faire autre chose outre que l’enseignement ? »
Dans leur désespoir mêlé de dignité, ces enseignants n’ont pas croisé les bras. Des courriers ont été adressés au Ministre de l’Enseignement Supérieur, au SYNAESURS, et au Conseil National du Dialogue Social. Sans réponse. Ils ont même été reçus par les ministères concernés, qui rejettent la responsabilité sur le syndicat.
« Est-ce que la liste des homologues en formation a effectivement été remontée ? Est-ce que leur situation a réellement été débattue et défendue lors des négociations ? Seul le syndicat peut répondre à ces questions. »
Face à ces renvois d’un camp à l’autre, la frustration monte. Et pourtant, les enseignants restent ouverts à une solution.
« Ils disent être disposés à se présenter pour faire la biométrie si et seulement si c’est la condition sine qua non pour figurer sur l’arrêté d’engagement à la fonction publique. »
Mais plus le temps passe, plus la question de fond s’impose : faut-il vraiment écarter des enseignants qui se forment pour mieux servir leur pays, simplement parce qu’ils étaient à l’étranger au mauvais moment ?
« Si vraiment le recrutement dépendait de la biométrie, le ministère aurait dû mettre en place des mécanismes pour inclure ces enseignants. Une communication proactive et un dispositif alternatif pour l’enrôlement biométrique auraient pu éviter cette situation d’exclusion. »
Le syndicat, interpellé, n’a jusqu’ici pas publiquement clarifié sa position. Ce silence ajoute à l’incompréhension.
« Laisser entendre que ces enseignants ne méritent pas leur place est non seulement injuste mais également une perte pour l’enseignement supérieur guinéen. »
Aujourd’hui, ces oubliés de novembre n’appellent ni à la confrontation, ni à la polémique. Mais dans la pacificité doublée de courtoisie, ils demandent justice et reconnaissance.
« Pour une question de passion, d’amour à servir dignement leur patrie, ils ne comptent pas laisser cette injustice passer comme si de rien n’était. »
Laguinee.info