Dans une atmosphère sobre mais pleine de sens, la préfecture de Dabola a célébré, ce lundi 7 avril, la Journée mondiale de la santé. Placée cette année sous le thème de la santé maternelle et infantile, cette journée a été l’occasion pour les acteurs locaux de la santé de faire le point sur les efforts menés et les défis à relever dans cette zone située au cœur de la Guinée.

La cérémonie officielle s’est tenue au sein de l’hôpital préfectoral de Dabola. Une structure qui, malgré des moyens limités, joue un rôle central dans la prise en charge des femmes enceintes et des nouveau-nés.

C’est avec beaucoup d’émotion que Dr Moumini Diallo, directeur de l’hôpital préfectoral, a salué la portée de cette journée.

« La célébration de cette journée mondiale de la santé est une immense joie pour moi. Je gère une maternité au quotidien, et c’est comme si aujourd’hui, on mettait en lumière tout le travail que nous faisons pour sauver des vies. C’est une reconnaissance symbolique, mais très significative », a-t-il déclaré devant un petit groupe de personnels soignants réunis pour l’occasion.

Un défi persistant : les décès maternels évitables

Derrière l’émotion, la réalité demeure préoccupante. Dans la préfecture de Dabola, de nombreuses femmes perdent encore la vie en raison de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Un phénomène que Dr Diallo connaît trop bien.

« Chaque année, nous perdons des femmes parce qu’elles ne peuvent pas accéder rapidement à un centre de santé. Certaines viennent à pied ou sur des motos, après avoir parcouru plusieurs kilomètres. Parfois, elles arrivent trop tard, et nous assistons à des drames évitables », a-t-il expliqué avec gravité.

Selon lui, le renforcement du système de santé local passe par deux mesures essentielles : le recrutement de personnels qualifiés en nombre suffisant, et la construction de centres de santé dans les zones rurales.

« Il est crucial d’installer des structures sanitaires de proximité. Cela permettrait aux femmes de recevoir des soins à temps, sans devoir traverser des distances interminables. C’est un besoin vital pour les communautés rurales de Dabola », a-t-il insisté.

Des efforts en cours, mais insuffisants

Prenant la parole à son tour, le directeur préfectoral de la santé, Dr Naby Camara, a reconnu l’ampleur du défi, tout en mettant en avant les actions en cours.

« Nous avons entamé une stratégie pour réduire les décès maternels et néonatals. Grâce à l’appui du gouvernement, des dispositifs de prise en charge sont mis en place pour accompagner les femmes du début de leur grossesse jusqu’à l’accouchement. Nous avons pu constater une baisse du taux de mortalité par rapport aux années précédentes, ce qui est encourageant », a-t-il déclaré.

Il en a profité pour adresser ses félicitations à tout le personnel de santé de Dabola, qui travaille dans des conditions souvent difficiles, mais avec un engagement sans faille. Il a toutefois lancé un appel au gouvernement afin que davantage d’efforts soient déployés, notamment dans la construction d’infrastructures sanitaires « dignes de ce nom » dans les localités les plus enclavées.

Une journée symbolique, un plaidoyer pour l’avenir

Instituée en 1948 à l’occasion de la création de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Journée mondiale de la santé est célébrée chaque année le 7 avril. Elle permet d’attirer l’attention sur des problématiques de santé majeures à travers le monde.

Pour l’édition 2025, le choix de la santé maternelle et infantile comme thème central rappelle que la vie commence par des soins adaptés aux femmes et aux enfants. Un enjeu vital dans des zones comme Dabola, où les conditions d’accès aux soins restent encore précaires pour une grande partie de la population.

La célébration de cette journée à Dabola n’a peut-être pas été grandiose, mais elle a permis de mettre en lumière des réalités souvent ignorées. Elle a aussi été l’occasion d’un plaidoyer en faveur d’un système de santé plus équitable, plus proche des citoyens, et plus apte à préserver les vies les plus fragiles.

Depuis Dabola, Ahmed Tidiane Condé, pour Laguinee.info