La ville de Harare s’est réveillée sous haute surveillance ce lundi, alors que la police a déployé un impressionnant dispositif sécuritaire pour contenir toute velléité de manifestation contre la prolongation du mandat du président Emmerson Mnangagwa. Dans la capitale comme à Bulawayo et d’autres grandes villes, les rues sont restées quasi désertes, les commerces fermés et l’économie paralysée par la peur d’un soulèvement populaire.

Selon africaines.com, depuis janvier, la tension monte. La ZANU-PF, parti au pouvoir, a annoncé son intention de prolonger de deux ans le mandat de Mnangagwa, en poste depuis 2017 après le renversement de Robert Mugabe. Une initiative perçue comme une tentative de contournement de la constitution, qui limite la présidence à deux mandats de cinq ans.

Mais cette fois, la contestation ne vient pas des habituels opposants. Ce sont les vétérans de la guerre d’indépendance, autrefois piliers du régime, qui se dressent contre Mnangagwa. Menés par Blessed Geza, ces anciens soutiens dénoncent une dérive autoritaire et une volonté de s’accrocher au pouvoir au mépris des règles établies.

Les autorités ont répliqué avec fermeté. Un quadrillage policier massif a vidé les rues de toute présence contestataire. Seuls quelques irréductibles ont osé braver l’interdit, notamment dans la banlieue ouest de Harare, où la police a dispersé un petit groupe de manifestants à coups de gaz lacrymogène. « Nous rejetons 2030 ! », scandaient-ils avant d’être dispersés.

Officiellement, tout est sous contrôle. La police assure que la situation est « pacifique » et exhorte la population à reprendre ses activités. Pourtant, la fermeture des entreprises et l’absence de vie urbaine témoignent d’une peur sourde. « L’arrêt de l’activité économique est un message fort« , analyse l’expert politique Ibbo Mandaza. « Ceux qui gouvernent ont des raisons de s’inquiéter. »

Blessed Geza est resté silencieux ce lundi, mais son appel a révélé une fissure au sein de la ZANU-PF. Les vétérans, bien que divisés, demeurent une force politique redoutable. Face à une opposition classique affaiblie et désorganisée, leur fronde pourrait marquer le début d’un affrontement inédit au sommet de l’État.

Mnangagwa, lui, dément tout projet de prolongation de son mandat. Mais dans l’ombre, les manœuvres se poursuivent. L’avenir politique du Zimbabwe semble plus incertain que jamais.

Laguinee.info