mercredi, avril 2, 2025
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Dadis Camara libre: «Pourquoi Toumba n’a-t-il pas droit à la même clémence ?», Me Lancinet Sylla 

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Coup de tonnerre en Guinée ! Par un décret officiel diffusé ce vendredi à la télévision nationale, le président Mamadi Doumbouya a décidé d’accorder sa grâce à l’ancien chef de la transition, le capitaine Moussa Dadis Camara. Motif avancé : son état de santé. Mais cette clémence unilatérale ne passe pas inaperçue et suscite de vives réactions, notamment chez les avocats des autres condamnés du procès du 28 septembre 2009.

Une décision qui interroge

Depuis l’annonce de cette grâce présidentielle, les voix se multiplient pour questionner son opportunité et son équité. Parmi elles, celle de Me Lancinet Sylla, avocat de Toumba Diakité, un autre condamné dans cette affaire, qui exprime des réserves avec fermeté.

« Le droit de grâce est un pouvoir présidentiel, certes, mais il ne doit pas se faire au détriment de l’équité et de la justice », martèle-t-il. Selon lui, bien que le chef de l’État soit en droit d’accorder sa clémence, une telle mesure ne peut être appliquée de manière sélective, surtout lorsque les procédures judiciaires ne sont pas encore arrivées à leur terme.

Une justice à deux vitesses ?

Le principal argument avancé par Me Sylla repose sur le fait que d’autres détenus dans cette affaire souffrent également de graves problèmes de santé, sans pour autant bénéficier d’une mesure similaire.

« Si la santé est le critère déterminant, pourquoi Toumba Diakité, atteint d’une hernie de la ligne blanche depuis huit ans, n’a-t-il pas droit à la même clémence ? » s’interroge-t-il chez nos confrères de siaminfos.com. Ce dernier ne serait d’ailleurs pas le seul dans ce cas. Claude Pivi, un autre condamné du procès du 28 septembre 2009, connaît également des ennuis de santé.

L’avocat rappelle également que les condamnations prononcées dans cette affaire ne sont pas encore définitives, car elles font toujours l’objet d’un recours en appel. De ce fait, toute mesure de grâce ne devrait-elle pas attendre l’épuisement des voies de recours ?

Un enjeu de réconciliation nationale

Au-delà de la question juridique, cette décision pourrait également avoir des répercussions sur le climat politique et social du pays.

« Une réconciliation nationale véritable ne peut se construire sur des décisions partiales », insiste Me Sylla. Pour lui, une justice perçue comme inégale ne ferait que raviver les tensions et alimenter un sentiment d’injustice chez les autres accusés et leurs partisans.

L’avocat en appelle ainsi à une application plus large de la grâce présidentielle.

« Nous demandons au président de faire preuve de la même clémence pour tous les autres accusés qui se trouvent dans des conditions similaires. Il en va de l’équité et de la crédibilité de la justice », plaide-t-il.

Une polémique qui ne fait que commencer

Alors que la Guinée tente de tourner la page des tragiques événements du 28 septembre 2009, cette décision présidentielle relance le débat sur la transparence et l’équité du système judiciaire. L’opinion publique est divisée, entre ceux qui saluent cette mesure et ceux qui dénoncent une justice à géométrie variable.

Reste à voir si les autorités répondront aux appels pressants des avocats et des défenseurs de l’État de droit. Le débat est lancé et risque de continuer à agiter les esprits dans les jours à venir.

Laguinee.info

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