Depuis quelques jours, une vague de critiques et d’attaques s’abat sur l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, connu pour son franc-parler et ses positions tranchées. En cause, son rejet assumé de la junte militaire au pouvoir. Mais si ses détracteurs tentent de le réduire au silence, d’autres voix s’élèvent pour défendre l’homme et son engagement intellectuel.

L’avocat et ancien bâtonnier, Me Mohamed Traoré, fait partie de ceux qui refusent de voir l’auteur de Les Crapauds-brousse transformé en paria pour ses idées. Dans un message sans équivoque, il rappelle que Monénembo n’a jamais varié dans ses convictions : « Un esprit libre, un rebelle, un iconoclaste, un intellectuel engagé, un anti-conformiste. Pouvait-il en être autrement pour un écrivain ? »

Un intellectuel insoumis

Tierno Monénembo n’a jamais été un homme du consensus mou. Son engagement dépasse les régimes et les époques. Il a dénoncé les dérives sous tous les pouvoirs guinéens, refusant les compromissions et l’amnésie sélective. Aujourd’hui, face à la gestion militaire du pays, il maintient sa ligne de conduite : celle de la lucidité critique.

Qu’on l’aime ou pas, force est de reconnaître qu’il incarne une figure rare : celle de l’intellectuel qui ne se contente pas d’observer, mais qui interpelle, dérange et force le débat. « Il ne cherche pas à plaire. Peut-être qu’il fait même exprès de déplaire quelquefois, pourvu qu’il fasse passer son message », souligne Me Traoré.

L’indignation à géométrie variable

Mais alors, pourquoi tant de haine à son égard aujourd’hui ? Est-ce son message qui dérange ou le fait qu’il refuse de se soumettre ? L’histoire guinéenne regorge d’intellectuels qui, à force de compromissions, ont fini par trahir leur mission première : éclairer les consciences. Monénembo, lui, assume sa posture, quitte à s’attirer les foudres.

Il est sans doute plus confortable d’être du côté du pouvoir, de flatter les chefs et de se draper dans une neutralité de façade. Mais l’écrivain, fidèle à son rôle, refuse cet exercice de style. Comme il l’a toujours fait. Comme il le fera toujours.

Et si la véritable question était plutôt : où sont les autres intellectuels ?

Laguinee.info