lundi, mars 31, 2025
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Marché Bantounka 1 : un gouffre financier sous l’ancienne gestion, le maire tranche dans le vif

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Des recettes mensuelles divisées par cinq, un bail de 60 ans signé à la va-vite, des contestataires accusés de chantage… À Lambanyi, le marché Bantounka 1 cristallise tensions et polémiques. Pris à partie par les vendeurs déguerpis, le président de la délégation spéciale, Fafa M’bira Mané, a décidé de remettre les pendules à l’heure.

 

Un marché qui coûtait plus qu’il ne rapportait

Avant même d’aborder les accusations portées contre la mairie, Fafa M’bira Mané a dégainé un chiffre implacable : 7 millions de francs guinéens. C’est tout ce que la commune encaissait chaque mois pour un marché qui aurait dû générer 33 millions. Un manque à gagner colossal. « L’État met à disposition la terre, mais lorsque les occupants refusent de payer la commune, il faut chercher une autre solution », justifie le maire.

Et cette solution, l’ancienne équipe municipale l’a trouvée : céder la gestion à un investisseur privé. Une décision que l’actuel maire assume, tout en précisant qu’elle a été prise avant son arrivée. « Le marché a été baillé au moins un an avant mon arrivée à la tête de la délégation spéciale de Lambanyi », martèle-t-il.

Un bail en or… mais pour qui ?

Si la rentabilité du projet ne fait plus de doute, un élément cloche : la durée du bail. 60 ans ! Une éternité pour un contrat municipal. Et là encore, le maire se veut catégorique : ce n’est pas lui qui l’a signé. « Normalement, un maire élu pour cinq ans peut signer un bail allant jusqu’à 10 ou 15 ans maximum, mais pas au-delà », lâche-t-il. Une manière de dire qu’il n’aurait jamais validé un tel engagement s’il avait eu son mot à dire.

Reste que l’investisseur, lui, ne compte pas lésiner sur les moyens. 65 milliards de francs guinéens sont prévus pour moderniser le marché. Et côté finances, la mairie espère enfin voir les chiffres grimper : 70 à 85 millions de francs guinéens de recettes mensuelles contre les 7 millions d’avant.

Les protestataires pris en flagrant délit ?

Ce qui agace particulièrement le maire, ce n’est pas tant la contestation que ceux qui la portent. Selon lui, certains des frondeurs auraient tenté de monnayer leur silence. « Ils ont demandé au preneur de leur verser 35 millions de francs guinéens par boutique en échange de leur soutien », révèle-t-il. Une accusation qui jette un sérieux doute sur la sincérité du mouvement de protestation.

Autre argument avancé : l’anarchie qui régnait sur place. Le maire prend pour exemple le marché de Kiroty, où des mineurs dormaient dans des boutiques transformées en chambres. « Nous ne voulons pas que Bantounka 1 devienne un nouveau Kiroty », avertit-il.

La mairie prête à aller jusqu’au tribunal

Les vendeurs ne décolèrent pas, mais la mairie non plus. Et si la grogne continue, c’est devant la justice que tout pourrait se jouer. « Si la situation perdure, nous saisirons le tribunal de première instance de Dixinn afin qu’il puisse trouver une solution définitive à ce problème », prévient Fafa M’bira Mané.

La balle est désormais dans le camp des contestataires… ou du Président de la République, dont ils espèrent l’arbitrage. Faute d’intervention, la bataille de Bantounka 1 pourrait bien se terminer dans les tribunaux.

 

IAC, pour laguinee.info

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