L’annonce de la prise en charge des indemnisations des victimes des massacres du 28 septembre 2009 par l’État guinéen continue de susciter des réactions. Si cette mesure, officialisée par décret ce mercredi 26 mars 2025, marque une avancée majeure, elle ne saurait, selon Me Almamy Traoré, remplacer l’obligation d’un procès en appel.
Dans une publication sur son compte Facebook, l’avocat a d’abord salué « une décision éminemment louable », soulignant qu’elle traduit « la volonté de l’État d’assumer ses responsabilités régaliennes ». Il estime que cette prise en charge par le budget national renforce la confiance des citoyens en l’autorité publique et dans l’effectivité de l’État de droit.
Un appel judiciaire, une exigence impérative
Cependant, Me Almamy Traoré insiste sur un point fondamental : la nécessité de tenir un procès en appel. « L’organisation du procès en appel s’impose comme une exigence légale impérative, en vertu des principes fondamentaux du droit à un procès équitable et du double degré de juridiction », a-t-il affirmé.
Pour lui, si l’indemnisation des victimes est une mesure de réparation essentielle, elle ne saurait se substituer à une justice complète et impartiale. Le procès de première instance, conclu en février dernier, a permis de juger plusieurs responsables de l’époque, mais sans la possibilité d’un appel, la crédibilité du processus judiciaire reste incomplète.
Indemnisation et justice : deux combats complémentaires
Le décret présidentiel prévoit que l’intégralité des frais d’indemnisation soit couverte par le Budget National de Développement (BND), en application du jugement n°019 du 31 juillet 2024. Cette décision, confiée au Premier ministre et aux ministères concernés, vise à assurer une réparation financière aux victimes et à leurs familles.
Mais pour Me Almamy Traoré et d’autres défenseurs des droits humains, l’indemnisation ne suffit pas à garantir une véritable justice. Ils appellent les autorités à organiser le procès en appel pour respecter les principes du droit international et répondre aux attentes des victimes.
L’État guinéen, en s’engageant dans cette politique de réparation, pose un acte fort. Reste désormais à voir s’il ira jusqu’au bout du processus judiciaire, comme l’exigent Me Traoré et de nombreux observateurs.
Laguinee.info