Après des semaines de silence, le gouvernement guinéen a décidé de réagir face aux rafles et expulsions massives de ses ressortissants en Mauritanie. De nombreux témoignages recueillis par nos confrères d’Africaguinee.com font état de discriminations et d’abus ciblant les Guinéens vivant dans ce pays.
Dans ce contexte tendu, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, a convoqué à Conakry le chargé d’affaires de l’ambassade de Mauritanie basée à Dakar, Mohamed Khatta LEHBIB. Au cœur des échanges : la détresse des citoyens guinéens depuis le début des expulsions d’étrangers en situation irrégulière en Mauritanie.
Une crise qui dure malgré les assurances diplomatiques
Ce n’est pas la première fois que la question est évoquée entre les deux pays. Le 10 mars dernier, le chef de la diplomatie mauritanienne s’était rendu à Conakry pour discuter du même sujet. À l’issue de cette rencontre, le ministère guinéen des Affaires étrangères avait annoncé qu’une « solution diplomatique » avait été trouvée. Mais sur le terrain, les expulsions se poursuivent et les témoignages d’injustices s’accumulent.
Le directeur général des Guinéens établis à l’étranger, Mamadou Saitiou Barry, a confirmé que Conakry exige désormais une issue rapide à cette crise :
« Le ministre a échangé avec lui et lui a laissé un message à l’endroit de son homologue mauritanien afin que la situation soit rapidement gérée dans l’intérêt de nos deux pays. »
Le e-visa, principal obstacle aux régularisations
Au-delà des expulsions, l’un des principaux points de tension reste la procédure d’obtention du visa mauritanien via une plateforme dédiée. Selon de nombreux témoignages, les demandes des Guinéens sont systématiquement rejetées, rendant impossible le renouvellement de leurs titres de séjour et les exposant ainsi aux expulsions.
Le chargé d’affaires mauritanien, Mohamed Khatta LEHBIB, se veut rassurant :
« On a lancé un nouveau système de visa, le e-visa. Certaines personnes rencontrent des difficultés à remplir le formulaire, mais cela ne concerne pas une nationalité en particulier. Des recommandations seront faites pour trouver une solution rapide. »
Une urgence humanitaire qui persiste
Malgré ces promesses, la situation sur le terrain demeure préoccupante. Dans la soirée du 26 mars, plusieurs autres Guinéens ont encore été arrêtés à leur domicile, alimentant la colère et l’incompréhension au sein de la communauté guinéenne.
Si la diplomatie avance à petits pas, Conakry devra rapidement passer des paroles aux actes pour garantir la protection de ses citoyens en Mauritanie.