Malgré l’engagement des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, les rebelles du M23 ont poursuivi leur avancée en République Démocratique du Congo (RDC). Mercredi soir, ils ont atteint les abords de la ville stratégique de Walikale, à environ 125 km au nord-ouest de Goma, selon des habitants cités par Reuters.
Affrontements aux portes de Walikale
D’après Janvier Kabutwa, un résident de Walikale, des coups de feu ont retenti dans le quartier de Nyabangi. Une source militaire, sous couvert d’anonymat, a confirmé que les rebelles du M23 affrontaient l’armée congolaise et des milices pro-gouvernementales après avoir surpris une position militaire à l’extérieur de la ville.
Walikale, une ville d’environ 15 000 habitants, représente un point stratégique majeur dans cette avancée fulgurante du M23, qui n’avait jamais atteint une position aussi occidentale cette année. Son importance est renforcée par la présence de vastes ressources minières, notamment l’étain, qui attire l’attention des groupes armés opérant dans la région. Face à la menace, la société minière Alphamin Resources (AFM.V) a annoncé la suspension de ses opérations à la mine d’étain de Bisie, située à 60 km de Walikale.
Un conflit qui s’intensifie malgré la diplomatie
L’offensive actuelle est la plus grave que l’est de la RDC ait connue depuis la guerre de 1998-2003, qui avait impliqué plusieurs pays de la région. Les voisins de la RDC et les puissances étrangères multiplient les efforts diplomatiques pour stopper cette escalade.
Mardi, une rencontre cruciale a eu lieu entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha, au Qatar. Sous la médiation de l’émir du Qatar, les deux chefs d’État ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, soulignant leur engagement à trouver une solution politique à la crise. Pourtant, le M23 semble ignorer cet appel en poursuivant son avancée militaire.
Un blocage des négociations avec le M23
Alors que Kinshasa s’apprêtait à ouvrir mardi des pourparlers directs avec le M23 en Angola – une première après des mois de refus de négocier – les rebelles ont annoncé lundi leur retrait des discussions, invoquant les sanctions européennes contre certains de leurs dirigeants et des officiels rwandais.
Cette situation complique davantage les efforts de paix, alors que l’ONU continue d’accuser le Rwanda de soutenir activement le M23 en lui fournissant des armes et des troupes. Kigali, de son côté, rejette ces accusations et affirme que son armée agit en légitime défense contre les forces congolaises et une milice composée d’anciens génocidaires rwandais.
L’intensification des combats autour de Walikale marque un tournant dans cette crise. Si les rebelles continuent leur progression, Kisangani – quatrième plus grande ville du pays et centre économique clé – pourrait être menacée dans les prochaines semaines. La RDC, déjà en proie à une crise humanitaire majeure, risque de plonger encore plus profondément dans l’instabilité.
Laguinee.info
