La Fédération Syndicale des Professionnels de l’Éducation (FSPE) traverse une tempête interne après le limogeage de son Secrétaire général, Salifou Camara, par la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG). Une décision qui fait suite à des propos injurieux qu’il aurait tenus à l’encontre de la trésorière de la FSPE, Hadja Saran Fofana. Cette dernière, après avoir porté plainte, livre aujourd’hui sa version des faits.
Une nuit de tension
Le 19 février dernier, alors que Hadja Saran Fofana était plongée dans son sommeil, son téléphone l’a tirée de son repos. À l’autre bout du fil : Salifou Camara.
« Je dormais déjà quand mon téléphone a sonné. Ne voyant pas l’urgence, je n’ai pas décroché, mais l’appel a été renouvelé avec insistance. Finalement, j’ai répondu. Il m’a demandé si je dormais, j’ai dit oui, et il a raccroché. »
Quelques instants plus tard, un nouvel appel. Cette fois, la conversation prend une tournure plus brutale.
« Il pensait parler à quelqu’un d’autre et s’est lancé dans une tirade où il me traitait de ‘méchante’, de ‘maligne’. Puis, il a enchaîné avec des insultes que je n’adresserais même pas à mon propre enfant», raconte-t-elle.
Choquée, Hadja Saran Fofana rappelle son interlocuteur pour lui signifier qu’elle a tout entendu.
« Il a fait mine de ne pas comprendre. Je lui ai simplement répondu : ‘Ingrat, tu n’as même pas honte.’ »
L’affaire prend une nouvelle dimension lorsqu’elle décide d’en parler à son époux, un homme qui avait pourtant été un pont entre elle et Salifou Camara.
Un conflit ancien, des rancœurs profondes
Si l’incident du 19 février 2025 a mis le feu aux poudres, Hadja Saran Fofana assure que l’acharnement de Salifou Camara à son égard ne date pas d’hier.
« Depuis le 19 février 2025, il me dénigre, en Guinée comme à l’étranger. Quand je lui ai demandé pourquoi, il a tout nié. Pourtant, son mode opératoire est clair : il divise pour mieux régner», poursuit-elle.
Une attitude qui, selon elle, lui a déjà valu des inimitiés au sein de la FSPE.
Autre épisode marquant : une proposition de poste faite à Hadja Saran Fofana, qu’elle perçoit comme une tentative de manipulation.
« Il voulait me faire nommer directrice préfectorale, mais je n’ai pas mordu à l’hameçon. Ce n’est pas lui qui m’a engagée, et je voyais bien la manœuvre derrière cette ‘promotion’. »
Une plainte qui fait trembler la centrale syndicale
Décidée à ne pas laisser passer l’incident, la trésorière a saisi la CNTG pour obtenir des explications.
« J’ai expliqué la situation à mon mari, puis j’ai déposé une plainte. Je voulais comprendre ce que j’avais fait pour mériter un tel acharnement. Lors de notre dernière conversation, il est allé jusqu’à m’insulter ainsi que mon mari, traitant ce dernier de ‘chien’. Il n’a même pas épargné certains responsables syndicaux. »
Face à la gravité des faits, Salifou Camara a été convoqué à deux reprises par la centrale syndicale. En vain.
« Il n’a jamais daigné se présenter. Puis, quand la sanction est tombée, il a tenté de détourner le débat en jouant la carte ethnique. C’est totalement faux. »
Un mutisme stratégique
Contacté par notre rédaction, Salifou Camara s’est refusé à tout commentaire, se retranchant derrière une consigne de silence émanant de sa base.
L’affaire continue de secouer la FSPE et la CNTG, et le silence du principal intéressé ne fait qu’attiser les tensions. La crise, loin d’être résolue, s’invite désormais au cœur du débat syndical en Guinée.
IAC, pour laguinee.info