Le procès d’Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, et de son directeur financier, Mohamed Sankhon, s’est poursuivi ce lundi devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’audience, qui porte sur des accusations de détournement de fonds publics, a été marquée par un rejet catégorique du rapport d’audit par l’ex-ministre, qui dénonce un document biaisé et conçu pour l’incriminer.
Des montants colossaux en jeu
Selon les inspecteurs, les fonds non justifiés s’élèveraient à 287,8 milliards de francs guinéens, couvrant plusieurs exercices budgétaires :
- 2011-2014 : 25,9 milliards GNF
- 2015-2016 : 61,9 milliards GNF
Face à ces chiffres, le juge Yagouba Conté a donné la parole à Ibrahima Kourouma pour se défendre.
« Je préfère aller en prison ! »
L’ancien ministre a immédiatement contesté la validité du rapport, affirmant qu’il avait été rédigé sans confrontation préalable et sans qu’il puisse apporter ses explications. Pour lui, ce document ne repose sur aucune base crédible et reflète une volonté manifeste de le charger.
« Je ne peux pas travailler là-dessous. Il est biaisé dès le départ, Monsieur le président. Je ne veux pas être celui qui va transformer ce rapport en un document définitif. », a-t-il martelé.
Exprimant son indignation face à une procédure qu’il juge inéquitable, Ibrahima Kourouma a ajouté :
« Je préfère aller en prison, dormir en prison, plutôt que de cautionner un rapport fait dans mon dos. Ils ont mal travaillé, qu’ils assument. »
Un rapport non contradictoire
Le principal accusé reproche aux inspecteurs de ne pas l’avoir associé à l’élaboration du rapport, dénonçant une démarche partiale et unilatérale.
« Ce rapport n’a pas été provisoire. Il n’y a pas eu de confrontation. Si le rapport n’est pas contradictoire, il doit l’être. Vous souhaitez que je me défende à travers ces chiffres, mais vous savez que c’est un rapport provisoire. Ces chiffres, est-ce que j’y crois ? Non. Je n’ai jamais été confronté à cela. »
Ibrahima Kourouma a également révélé que l’audit avait été réalisé un an après son arrestation, sans qu’il puisse examiner les documents incriminants.
Un procès sous haute tension
Ce procès s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption engagée par la CRIEF, qui vise à faire la lumière sur la gestion des fonds publics par d’anciens hauts responsables de l’État. L’issue de cette affaire pourrait avoir des conséquences lourdes pour l’ex-ministre, qui continue de clamer son innocence face aux accusations.
L’audience devrait se poursuivre dans les prochains jours avec de nouvelles auditions et d’éventuelles confrontations avec les inspecteurs chargés de l’enquête.
IAC, pour laguinee.info