Le mois de mars est une période très tendue sur les réseaux sociaux. Entre les partisans du « Bonne fête, femme forte » et les opposants qui rappellent que « ce n’est pas une fête, mais un véritable combat » les débats sont animés.
Au-delà de son aspect festif, qui nous a été en quelque sorte imposé, le 8 mars est avant tout une occasion de faire le bilan de nos actions en faveur des droits des femmes et, surtout, de poser des actes concrets pour améliorer leurs conditions de vie.
Nous nous réjouissons de voir que la Côte d’Ivoire et le Ghana ont compris qu’il reste du chemin à parcourir, mais qu’il est possible d’apporter des solutions à certains problèmes urgents.
– Le Ghana a rendu les serviettes hygiéniques gratuites dans les écoles.
– La Côte d’Ivoire a instauré un congé de maternité de six mois pour les femmes fonctionnaires et un congé de paternité d’un mois, une décision qui a d’ailleurs suscité de nombreux débats sur Facebook.
Il est intéressant d’observer ces discussions, car lorsque le sujet sera mis sur la table en Guinée, nous savons déjà à quoi nous attendre. Il est aussi important de préciser qu’un congé de maternité de six mois ou un congé menstruel ne sont pas des décisions qui se prennent à la légère.
Un tel changement implique un processus réfléchi et des discussions approfondies pour éviter de compromettre l’employabilité des femmes. Il faudra donc proposer des solutions adaptées lorsque la question sera abordée en Guinée. Actuellement, le congé de maternité est de deux mois dans le pays, et le code du travail ne prévoit aucun congé de paternité.
Revenons à la célébration du 8 mars en Guinée, en lieu et place d’une lecture de Coran, des panels et des uniformes on aurait aimé voir un changement cette année, malheureusement nous restons dans l’ombre du passé.
Madame la Ministre de la Promotion Féminine, voici quelques questions essentielles sur lesquelles nous attendons des actions concrètes :
- La précarité menstruelle est une réalité en Guinée. Rendre les protections hygiéniques accessibles et gratuites dans les écoles et universités serait une avancée majeure.
- Les consultations à la médecine légale dans les cas de violences sexuelles sont payantes. De nombreuses ONG en Guinée peinent à financer l’accompagnement des victimes, car suivre un cas de viol implique une longue procédure. Nous plaidons pour la gratuité de ces consultations.
- Nous avons besoin de centres de prise en charge et de réinsertion pour les survivantes de violences. Cela inclut un accompagnement médical, psychologique et des formations professionnelles pour favoriser leur autonomie.
- La politique nationale genre, qui date de 2017, doit être mise à jour. Il est essentiel d’actualiser les données pour mieux répondre aux défis actuels.
- Les campagnes de sensibilisation sur les VBG doivent être renforcées. L’excision, le mariage précoce et forcé , les violences sexuelles ainsi que les violences conjugales… restent une réalité en Guinée. Une campagne de sensibilisation menée par le ministère tout au long du mois de mars aurait été plus impactante qu’une simple célébration festive.
- La lenteur de l’appareil judiciaire dans le traitement des cas de violences est un véritable problème. ll est urgent d’accélérer les procédures et de garantir une justice plus efficace aux victimes.
- J’aurai aimé voir un hommage aux victimes de violences, parmi elles :
– les 109 victimes de viol du 28 septembre 2009.
– la fillette de 11 ans violée et tuée à Dubréka en 2023.
– Blandine, 8 ans, enlevée et tuée sur le chemin de l’école en novembre 2022.
– la petite fille de 8 ans violée et tuée à Kagbelen, dont le corps a été retrouvé dans les toilettes d’une école.
- Un regard attentif doit être porté sur les lois en discussion avant le retour à l’ordre constitutionnel. Des propositions et amendements peuvent être formulés pour garantir des avancées en faveur des droits des femmes.
Il y a énormément de défis à relever sur les questions des droits des femmes en Guinée. Chacun d’entre eux mérite une attention particulière. Nous espérons voir des avancées, même à petits pas.