Trois ans après le coup d’État qui a renversé Alpha Condé, les autorités de la transition guinéenne ont officiellement lancé les travaux de réhabilitation du Palais Sékhoutouréya. Une annonce qui aurait pu passer inaperçue si les images de l’état du palais présidentiel n’avaient pas envahi les réseaux sociaux, déclenchant une vive réaction du RPG Arc-en-ciel, le parti de l’ancien président.
Sur ces clichés, Sékhoutouréya apparaît en piteux état, comme un vestige abandonné du pouvoir déchu. Pour certains, c’est une nécessité de rénover le siège de l’exécutif ; pour d’autres, notamment du côté du RPG, c’est une tentative de « maquillage » des séquelles du putsch de 2021.
“J’ai vu les images sur les réseaux sociaux. Elles montrent clairement qu’ils cherchent à maquiller la forfaiture. Ils causent des dégâts, créent des problèmes, tuent des gens, et maintenant, ils viennent prétendre réparer”, s’indigne Aboubacar Demba Dansoko, un responsable du parti, interrogé par guinee360.com.
Un problème de communication ?
Au-delà de l’indignation, c’est la stratégie de communication des autorités qui interpelle. Pourquoi diffuser ces images, au risque de raviver les tensions politiques ? Pour Dansoko, la transition s’est tirée une balle dans le pied en exposant au grand jour ce qu’il considère comme “les traces de leurs actes”.
“Ils ne sont pas stratèges. Ce sont des actions qu’ils auraient dû mener en toute discrétion. Mais au lieu de cela, ils exposent ouvertement leur forfaiture”, martèle-t-il.
L’accusation est lourde, mais elle soulève une question plus large : la transition a-t-elle intérêt à documenter ses propres réparations, quitte à rappeler les fractures du passé ?
Un chantier, mais quel avenir ?
Au-delà de la polémique, la réhabilitation de Sékhoutouréya pose une question de fond : celle de la mémoire politique. Restaurer un symbole du pouvoir, c’est aussi réécrire une partie de l’histoire. Mais pour qui, et dans quel but ?
Dans un pays où chaque décision publique est perçue à travers le prisme de l’opposition et du pouvoir, la réhabilitation du palais présidentiel ne sera pas seulement un chantier de maçonnerie. Ce sera, aussi et surtout, un test politique.
Laguinee.info