vendredi, mars 14, 2025
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Soudan : l’Union africaine rejette un gouvernement parallèle, un pays au bord de l’implosion

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Le Soudan continue de sombrer dans le chaos. Ce mercredi, l’Union africaine a fermement condamné l’annonce d’un gouvernement parallèle par les Forces de soutien rapide (RSF) et leurs alliés. Une initiative qui, selon l’organisation panafricaine, risque d’accentuer la fragmentation d’un pays déjà ravagé par près de deux ans de guerre civile.

Depuis avril 2023, un conflit sanglant oppose l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux RSF du général Mohamed Hamdane Daglo, alias Hemedti. Ce qui n’était au départ qu’un différend sur l’intégration des RSF dans l’armée s’est rapidement transformé en une guerre totale, réduisant des villes en cendres et laissant des millions de Soudanais dans l’angoisse.

Aujourd’hui, le pays est coupé en deux : l’armée contrôle le nord et l’est, tandis que les RSF dominent une grande partie du Darfour et certaines régions du sud. Un morcellement qui rend toute solution politique et humanitaire presque impossible. Selon l’ONU, les violences ont déjà causé des dizaines de milliers de morts et jeté plus de 12 millions de personnes sur les routes de l’exil.

Un « gouvernement de paix » qui divise

Dans ce chaos, les RSF ont décidé de jouer leur propre carte. Le mois dernier, leurs chefs ont signé une « charte fondatrice » à Nairobi, proclamant un gouvernement parallèle dans les zones sous leur contrôle. Présenté comme une administration de « paix et d’unité », ce projet veut se poser en alternative au régime de Khartoum.

Mais pour l’Union africaine, ce gouvernement rival est une menace directe pour l’intégrité du Soudan. Dans un communiqué, elle exhorte les États membres et la communauté internationale à ne pas reconnaître cette entité, avertissant que cela pourrait anéantir les efforts de paix encore fragiles.

Le Soudan s’enfonce donc dans une impasse : d’un côté, une guerre qui ne faiblit pas ; de l’autre, une scène politique éclatée où chaque camp tente d’imposer sa légitimité.

Khartoum dénonce un « génocide » orchestré avec l’aide des Émirats

Alors que la guerre s’intensifie, un nouvel acteur se retrouve au centre des accusations : les Émirats arabes unis. Khartoum a porté plainte contre Abou Dhabi devant la Cour internationale de justice (CIJ), l’accusant de financer et d’armer les RSF pour mener des massacres à grande échelle, notamment au Darfour.

Des accusations que les Émirats rejettent en bloc, dénonçant une « manœuvre politique sans fondement ». Pourtant, plusieurs rapports font état d’un soutien logistique des Émirats aux RSF, via le Tchad et la Libye. D’autres puissances, comme l’Égypte, la Turquie, l’Iran et la Russie, sont aussi soupçonnées d’alimenter le conflit, chacune défendant ses propres intérêts dans ce bourbier.

Pendant ce temps, la situation humanitaire atteint un seuil critique. L’ONU qualifie le Soudan de « crise sans précédent sur le continent africain ». Près de 25 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, et dans certaines régions, la famine s’installe.

Un dialogue possible, mais pour qui ?

L’Union africaine appelle à un dialogue national inclusif, seule solution pour éviter un éclatement total du pays. Mais comment négocier quand les balles continuent de siffler et que chaque camp se renforce plutôt que de tendre la main ?

Le Soudan, autrefois l’un des pays les plus vastes d’Afrique, risque aujourd’hui d’être irrémédiablement brisé. Un pays, deux gouvernements, une guerre sans fin… L’espoir d’un retour à la paix semble s’éloigner un peu plus chaque jour.

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