La rue grondait encore hier. Entre slogans et fumée de pneus brûlés, les jeunes de l’axe, ce bastion de contestation, exprimaient bruyamment leur opposition à la suspension des effigies du président de la République. La colère était palpable. Mais, aussi soudainement qu’elle s’était embrasée, elle s’est éteinte. Aujourd’hui, ces mêmes jeunes, qui avaient incendié le portrait du chef de l’État, reviennent à de meilleurs sentiments. Par une déclaration solennelle, ils demandent pardon à Mamady Doumbouya et appellent désormais à le soutenir.
Un revirement spectaculaire
« Ce n’était pas notre volonté », assurent-ils, évoquant une « incompréhension » qui aurait dégénéré. Les infiltrés seraient à blâmer, ceux-là mêmes qui, selon eux, manipulent la contestation pour « ternir l’image du quartier ». Le ton est humble, presque suppliant. Désormais, c’est derrière le président qu’ils veulent se ranger, avec un message limpide : « Écoutez Baba Alimou, et lui seul. » Qui est donc ce Baba Alimou, érigé en porte-voix légitime des jeunes de l’axe ? Mystère. Mais son rôle semble désormais incontournable dans la réconciliation entre la jeunesse frondeuse et le pouvoir.
Un pardon sous conditions
Si la main est tendue, elle n’est pas vide de revendications. Des écoles, des emplois, mais pas d’argent. Voilà l’offre de paix des jeunes, qui assurent avoir compris les « vieilles méthodes » des politiciens qui achètent des consciences à coup de billets. Sincérité ou opportunisme ? La question reste posée.
À Bambéto, un autre protagoniste, Mamadou Tahirou Diallo, prend la parole. Il plaide non seulement pour le retour des effigies présidentielles, mais aussi pour la libération des manifestants arrêtés. Une sorte de donnant-donnant implicite : nous tournons la page, à condition que vous relâchiez les nôtres.
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Le pouvoir face à un dilemme
La déclaration des jeunes de l’axe est une aubaine politique pour Mamady Doumbouya. Lui, souvent confronté à la défiance des quartiers périphériques de Conakry, voit une brèche s’ouvrir. Mais cette main tendue est-elle une réelle adhésion ou un simple calcul stratégique ? En face, le président devra jouer finement. Relâcher les manifestants serait un signal d’apaisement, mais aussi une porte ouverte aux futures contestations. Ignorer l’appel au dialogue pourrait, en revanche, rallumer la braise sous la cendre.
Une chose est sûre : entre le pardon demandé et le pardon accordé, il y a un pas. Un pas que seul Mamady Doumbouya peut choisir de franchir.
IAC, pour Laguinee.info