La question de l’hébergement des données biométriques des citoyens guinéens suscite de vives préoccupations. Mamy Diaby, entrepreneur et ancien Directeur général adjoint de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), tire la sonnette d’alarme. Selon lui, laisser ces informations sensibles sous contrôle étranger expose la Guinée à des risques majeurs.
Des données stratégiques hors de portée
Dans un récent entretien, Mamy Diaby a dénoncé la pratique consistant à stocker à l’étranger les données biométriques des Guinéens, passeports, cartes d’identité nationales et autres documents officiels. « Ce n’est pas normal », s’indigne-t-il, pointant du doigt une dépendance technologique qui met en péril la souveraineté nationale.
L’entrepreneur plaide pour un rapatriement immédiat de ces données et la mise en place d’infrastructures locales capables d’assurer leur hébergement sécurisé en Guinée. « Il faut que nous mettions en place des infrastructures pour permettre de rapatrier les données des Guinéens, de les domestiquer sur le territoire national », insiste-t-il.
Le spectre de la manipulation et de la monétisation des données
Au-delà de la question de la souveraineté, Mamy Diaby pointe les risques d’exploitation abusive des données biométriques lorsqu’elles sont gérées par des entités étrangères. Selon lui, ces données peuvent être monétisées, revendues ou utilisées sans aucun contrôle de la Guinée.
« Vos données peuvent être monétisées, peuvent être vendues. Deuxièmement, nous n’avons pas le contrôle sur ces données-là. C’est quand même votre identité, c’est votre ADN, votre empreinte, votre photo. Ils peuvent en faire ce qu’ils veulent », alerte-t-il.
L’exemple d’autres nations modernes est cité en référence : de nombreux pays développés ont rapatrié leurs données biométriques et mis en place des systèmes nationaux robustes pour éviter toute ingérence extérieure.
Les bénéfices d’un contrôle national des données
Pour Mamy Diaby, l’hébergement national des données biométriques apporterait plusieurs avantages stratégiques :
Protection des informations sensibles : Les données des citoyens resteraient sous contrôle guinéen, réduisant ainsi les risques d’exploitation par des acteurs étrangers.
Renforcement de la cybersécurité : Une gestion locale permettrait de développer une expertise nationale et d’améliorer la protection des infrastructures numériques du pays.
Souveraineté technologique : En investissant dans des infrastructures de stockage et de gestion de données, la Guinée pourrait s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis de prestataires étrangers.
Un impératif national
Le débat sur l’hébergement des données biométriques guinéennes dépasse la simple question technique : il s’agit d’un enjeu stratégique majeur pour l’avenir du pays. La Guinée doit-elle continuer à confier ces informations sensibles à des entités extérieures au risque de perdre le contrôle de l’identité numérique de ses citoyens ?
Pour M. Diaby, la réponse est claire : le rapatriement des données biométriques est une nécessité absolue pour garantir la souveraineté numérique de la Guinée. Reste à savoir si les autorités suivront cette recommandation avant qu’il ne soit trop tard.
IAC, pour Laguinee.info